L’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a accepté vendredi, lors d’un entretien avec le président Sergio Mattarella, de diriger un nouveau gouvernement en Italie, devenant ainsi le nouveau Premier ministre du pays. Un ministère de la Transition écologique va voir le jour, une première pour la péninsule.
Le suspense aura été de courte durée. Chargé par le président Sergio Mattarella de former un nouveau gouvernement au début du mois, l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a accepté, vendredi 12 février, les fonctions de Premier ministre.
La composition de son cabinet, dévoilée dans la foulée, illustre sa volonté de rassembler « technocrates » et « politiques » au sein d’un gouvernement élargi soutenu par un large spectre, du centre gauche à la droite dure.
Côté politique, Luigi di Maio, chef de file du Mouvement 5 Étoiles, conserve le portefeuille des Affaires étrangères, tandis que Giancarlo Giorgetti, haut responsable de la Ligue, est nommé à l’Industrie, et qu’Andrea Orlando, du Parti démocrate, récupère le ministère du Travail.
Côté « techniciens », Luciana Lamorgese reste à la tête du ministère de l’Intérieur, Daniele Franco, numéro deux de la Banque d’Italie, hérite du ministère de l’Économie et Roberto Cingolani, un physicien spécialiste de l’intelligence artificielle, est désigné à la tête d’un nouveau ministère de la Transition écologique.
Vote au Parlement en début de semaine
Mario Draghi, surnommé « Super Mario » pour son rôle dans la crise de la dette de la zone euro en 2012, prêtera serment samedi, puis demandera la confiance du Parlement en début de semaine.
Depuis que Sergio Mattarella a fait appel à lui le 3 février, Mario Draghi a mené des entretiens tous azimuts avec les partis politiques représentés au Parlement, qui lui ont permis de former un attelage hétéroclite allant du Parti démocrate (PD, centre gauche) à la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi.
Jeudi, in extremis, l’inclassable Mouvement 5 Étoiles (M5S), antisystème jusqu’à son arrivée au pouvoir, avait donné lui aussi son feu vert, faisant ainsi tomber le dernier obstacle à un gouvernement d’union nationale.
Les difficultés ne font cependant que commencer pour cet Italien affable de 73 ans réputé pour sa discrétion, son sérieux et sa détermination.
Chantiers sanitaire et économique
L’Italie, qui approche de la barre des 100 000 morts dus au Covid, a enregistré en 2020 l’une des pires chutes du PIB de la zone euro, avec un plongeon de 8,9 %. La troisième économie de la zone compte beaucoup sur la manne de plus de 200 milliards d’euros de fonds européens, conditionnée à la présentation à Bruxelles d’ici fin avril d’un plan détaillé de dépenses.
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« Mais il ne suffit pas de dépenser les fonds. La Commission européenne s’attend à ce que les dépenses aillent de pair avec les réformes », selon une analyse du Centre pour une réforme européenne (CER).
En tête des priorités figure aussi l’accélération de la campagne vaccinale, affectée comme dans les autres pays européens par des lenteurs d’approvisionnement. Seulement 1,2 million d’Italiens sur 60 millions ont été vaccinés.
D’autres chantiers restés en plan depuis des décennies attendent Mario Draghi sur son bureau du Palazzo Chigi, siège du gouvernement en plein centre de Rome : remédier à la lenteur de la justice, s’attaquer à la bureaucratie en rendant l’administration plus efficace, et lancer la transition écologique, qui sera coordonnée par un ministère à part entière, le premier du genre en Italie.
Même s’il bénéficie pour l’instant de son aura de « sauveur de la nation », cet homme aux cheveux poivre et sel formé chez les jésuites, dont l’arrivée a réjoui les marchés financiers, devra faire preuve de beaucoup d’habileté pour rester en selle sur le long terme face à des partis politiques qui devraient s’agiter de plus en plus à l’approche des prochaines élections, prévues en 2023.
Avec Reuters et AFP