Selon Fabien Offner, un des responsables de l’ONG de défense des droits de l’homme, Amnesty International, les guinéens continuent toujours de souffrir en prison en raison de leur opposition au troisième mandat du Président Alpha Condé.

Il a établi le nombre à 57 personnes, qui croupissent toujours en prison depuis la crise postélectorale de 2020. Ces personnes ont passé plus de huit mois  pour certains et un an pour d’autres en prison sans jugement, selon toujours,  Fabien Offner  d’Amnesty International.

Dans sa narration sur RFI, Fabien Offner, a regretté que le symbole de ce combat contre le troisième mandat du Président Alpha Condé, Foniké Menguè, à l’état civil,  Oumar Sylla, frère  de l’opposant Mamadou Sylla, soit toujours emprisonné, dix mois après son arrestation pour « attroupement  non autorisée ».

Malgré dix mois passés en prison, Foniké Menguè a promis  lors de son procès  de combattre le troisième mandat du Président Alpha Condé, même au fond de sa tombe, s’il trouvait la mort dans le combat.

Pour rappel, Foniké Menguè, responsable de la mobilisation du Front National pour la Défense de la Constitution  avait été arrêté alors qu’il était à moto  pour attroupement  non autorisée, selon les chefs d’inculpation de la justice guinéenne.

Condamner en première instance par le Tribunal de Première Instance de Mafanco à 11 mois de prison ferme, il a été condamné en appel par la Cour d’Appel à cinq ans de prison ferme.

Pour terminer, le défenseur des  droits de l’homme, pour  Amnesty International, plaide pour l’organisation d’un procès juste et équitable, à défaut pour leur libération.

Almamy Kalla CONTE

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COMMUNIQUE DU GOUVERNEMENT – L’ÉTAT DE DROIT A SES EXIGENCES, LA DEMOCRATIE A SES CONTRAINTES

 

Vendredi, le 9 juillet 2021 – Les rapports d’Amnesty International se suivent et se ressemblent : les Gouvernements sont interpelés et accablés pour les libertés des citoyens qui seraient limitées, ou leurs droits qui ne seraient pas respectés. Les ONG de défense des Droits de l’Homme ont cette liberté et sont dans leur rôle. Comme il est du devoir et de la responsabilité inaliénable de tous les Etats d’assurer la sécurité des biens et des personnes, et de veiller à l’exercice responsable des droits et des libertés reconnus à chacun et à tous. L’autorité de l’Etat et la paix sociale en dépendent.

 

Depuis l’accession du Professeur Alpha Condé à la magistrature suprême du pays, il a été noté plus d’ouverture politique et d’engagement en matière de promotion et de protection des Droits humains.  Cependant, très souvent, les crises sociales violentes, les tensions politiques et électorales que le pays a connues ont mis à mal la volonté politique de favoriser une Démocratie apaisée et de consolider les bases fondamentales d’un Etat de droit.

 

A qui, la faute ? L’Etat engagé à assurer la sécurité publique par tous les moyens légaux, et à garantir pleinement les droits et les libertés fondamentales des citoyens ; ou la faute aux leaders politiques et acteurs de la société civile qui usent de la violence et ont, systématiquement, recours à la force pour se faire entendre ou revendiquer ?

 

La Guinée vient de loin, notamment pour ce qui est du respect des Droits de l’Homme, et continue encore à subir l’image et la perception de son passé jalonné d’actes de répression politique et de graves violations des Droits humains.

 

En dépit des progrès incontestables accomplis ces dernières années, le pays est encore vu sous ce prisme par de nombreux observateurs, et peine à convaincre de sa reconversion réussie et sans doute perfectible, dans le concert des nations démocratiques et respectueuses de la dignité humaine. Le temps et l’histoire semblent s’être arrêtés.

 

Le dernier rapport d’Amnesty International confirme que la Guinée est toujours sur la sellette, même s’il y est fait mention d’actes qui démontrent l’indépendance de la justice et témoignent de l’existence d’un Etat de droit

Cet énième rapport, comme d’autres avant, ainsi que toutes les différentes prises de position, expriment des points de vue ou reprennent des commentaires et des opinions qui sont loin d’être neutres et innocents. Il est à noter que dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de faits avérés, recoupés avec d’autres sources, notamment indépendantes.

Pour mémoire et la bonne compréhension de tous, c’est à la suite de violences meurtrières et de destructions massives d’édifices publics et de biens privés, qu’il a été procédé à toutes les interpellations,  que la justice guinéenne a ouvert des enquêtes pour rechercher,  identifier les auteurs,  complices et commanditaires de ces tragiques événements qui ne sauraient, dans un État de droit sous toutes les latitudes, avoir comme justification ou excuse la pratique de la Démocratie et rester ainsi impunis.

En toute indépendance, liberté et responsabilité, l’instruction suit son cours normal dans les dossiers en attente de jugement, et le Gouvernement se félicite que les premiers arrêts ont été pris, que les procès annoncés et attendus sont préparés avec sérénité et diligence, autant que peuvent le permettre les contraintes liées la tenue d’un procès juste et équitable.

D’autres décisions suivront sans doute aussi dans un proche avenir, afin d’édifier chacun et tous à propos des graves violations des droits humains et des violences politiques et sociales, sans précédent, qui ont été enregistrées avant, pendant et après les dernières élections.  On ne peut donc tirer, à ce stade, des conclusions relatives aux responsabilités des uns et des autres, de l’Etat, ni en désigner d’avance les responsables. Sinon, à quoi bon mener des enquêtes ou saisir la justice ?

Les Guinéens continuent d’avoir confiance en leur justice sur laquelle, faut-il le rappeler, au nom du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs, le Gouvernement n’a aucune autorité, ne peut exercer la moindre influence.

La justice guinéenne, à l’instar de toutes les autres justices dans un État de droit, n’agit pas, ne se prononce pas en fonction des interpellations, de la clameur populaire, des pressions de tous ordres, mais plutôt en fonction des Lois de la République et de l’intime conviction des magistrats.

Le temps judiciaire est jugé, partout dans le monde, long et fastidieux, mais nécessaire aussi à la manifestation de la vérité et l’exercice d’une bonne administration de la justice.

Monsieur le Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions et de la séparation des pouvoirs, n’empiète pas sur les prérogatives de la justice, ni ne s’avise de bafouer les valeurs de la Démocratie et les principles de L’Etat de droit.  Cependant, chaque fois que c’est nécessaire, pour la paix sociale et dans sa volonté d’unir et rassembler les Guinéens, il a usé de ses pouvoirs constitutionnels pour poser des actes d’apaisement et de réconciliation. Comme chacun le note et le salue.

La Démocratie, en Guinée comme partout oú elle existe, a ses règles et ses limites, tout comme l’Etat de Droit a ses exigences connues et respectées de tous. Doit-on l’accepter pour certains et le refuser à d’autres ?

C’est la question que tout le monde devrait se poser, avant de juger et condamner.