Le Mali va pouvoir souffler : les dirigeants ouest-africains, réunis à l’occasion du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ont levé dimanche 3 juillet, à Accra, les sanctions commerciales et financières qui étouffaient depuis janvier ce pays plongé dans une grave crise politique et sécuritaire.
« Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour » mais maintient les sanctions individuelles et la suspension du Mali des organes de la Cédéao jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, a déclaré lors d’une conférence de presse Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la Cédéao.
Le Mali, pays enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’État militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.
« Les chefs d’Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle », a ajouté un autre responsable de la Cédéao sous couvert de l’anonymat.
L’adoption d’une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature d’un militaire à l’élection présidentielle demeurait un possible point de blocage dans les négociations qui durent depuis des mois.
Les signaux étaient plutôt positifs ces derniers jours avec l’adoption, par le Mali, d’un certain nombre de prérequis indispensables pour l’allègement des sanctions. Les autorités ont ainsi annoncé mercredi un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023, et les législatives entre octobre et novembre 2023. Cela vient compléter l’adoption le 17 juin d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.
Accord avec le Burkina Faso
Autre mesure forte prise au cours du sommet de la Cédéao : l’accord avec le Burkina Faso d’un calendrier de 24 mois avant un retour des civils au pouvoir à compter du 1er juillet 2022.
« Sur le Burkina Faso, nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois. Aujourd’hui tout le monde est d’accord que c’est 24 mois de transition à compter du 1er juillet 2022″, a également assuré à l’AFP un participant au sommet sous couvert de l’anonymat.
Lors de sa visite samedi à Ouagadougou, le médiateur de la Cédéao, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, a donc convaincu la junte au pouvoir depuis fin janvier de baisser la durée de la transition de 36 à 29 mois.
Dans ce pays sahélien aussi frappé par les attaques jihadistes, Mahamadou Issoufou avait salué « l’ouverture au dialogue » des militaires et dit avoir « échangé sur le chronogramme de la transition » présenté mercredi aux leaders politiques.
Les autorités burkinabè prévoyaient jusqu’alors les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n’a pas encore été annoncé.
Vendredi, les partis de l’ex-majorité du président Roch Marc Christian Kaboré renversé avaient dénoncé l’agenda présenté par la junte comme une « manoeuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d’une transition inclusive et réussie », regrettant « l’absence de concertations en amont ».
L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups de force des colonels et lieutenants-colonels en moins de deux ans : putsch le 18 août 2020 à Bamako, nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.
Umaro Sissoco Embalo, nouveau président de la Cédéao
Dimanche, les dirigeants ouest-africains ont choisi comme nouveau président en exercice de la Cédéao Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et lui aussi victime d’une tentative de Coup d’État en février.
Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour accélérer le retour des civils à la direction de ces pays.
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Les leaders ouest-africains ont par ailleurs rejeté dimanche les 36 mois de transition proposés par la junte guinéenne sans annoncer de nouvelles sanctions, a indiqué Jean-Claude Kassi Brou.
Ils ont nommé un nouveau médiateur, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, un préalable indispensable pour de nombreux partis d’opposition afin de participer au dialogue voulu par le gouvernement.
La Guinée avait mené cette semaine une intense campagne diplomatique pour apaiser les dirigeants ouest-africains et éviter de nouvelles sanctions, après avoir suscité l’ire de ses voisins en annonçant une durée de transition de 39 mois, depuis ramené à 36 mois.
Avec AFP