Demander où se trouve Paul Biya, même si ce n’est pas un sujet tabou, est malhonnête et honteux.

Les historiens, les journalistes et les reporters en particulier ont peut-être gagné le droit de demander où se trouve Paul Biya dans le but de conserver des faits historiques, des archives ou pour l’information du public, mais pas les Camerounais en général. Les Camerounais intelligents ne devraient pas poser la même question. En effet, peu importe ce qui arrive à Paul Biya aujourd’hui, il ne reviendra pas pour continuer son règne. Soyons honnêtes, sincères et sérieux au moins une fois avec nous-mêmes ; Paul Biya représente le passé et non l’avenir du Cameroun.  Il est malhonnête, honteux et trivial pour tout Camerounais, intellectuel ou soi-disant politicien, de se livrer à une rhétorique politique malhonnête à ce moment critique où l’avenir d’une nation entière est en guerre avec elle-même et n’a besoin que d’une intervention divine pour faire la lumière et sauver la vie de toute une génération de 40 ans d’obscurité sociale, économique et politique ou d’annihilation.

Les vraies questions que les Camerounais devraient se poser et qu’ils évitent avec malhonnêteté et tristesse sont les suivantes :

1. Comment peuvent-ils préserver la paix et la sécurité après Biya ?

(a). Peuvent-ils rassembler toutes les différentes factions militaires (divisées par Paul Biya pour gouverner) et maintenant aux mains et sous le contrôle d’éminents barons du pouvoir qui se battent pour la succession ?

(b). Peuvent-ils empêcher l’armée et la population civile de s’affronter pour le pouvoir ? Dans l’état actuel des choses, le Cameroun est un pays très divisé et même le RDPC n’est pas uni.  Pour parvenir à la paix entre les militaires et la population civile, il faudrait une interprétation et une application strictes des dispositions constitutionnelles relatives à la succession. Tout type d’arrangement de pouvoir qui ne trouverait pas un écho favorable auprès de la population se retournerait immédiatement contre lui et conduirait au chaos total.

(c) Des Camerounais crédibles et altruistes au pays et à l’étranger peuvent-ils mettre de côté leurs intérêts personnels ou leurs différences et former un comité pour discuter et élaborer un plan directeur pour la paix et la réconciliation au Cameroun après Biya ? Rien ne devrait empêcher le groupe de recruter des Camerounais de toutes les disciplines professionnelles, y compris des personnes expérimentées de pays qui ont connu une transition similaire et l’ont surmontée ou ont réussi.

>2. Les nouvelles autorités ou le nouveau comité peuvent-ils avoir le courage, la détermination et l’honnêteté nécessaires pour résoudre le conflit sanglant de l’indépendance du Cameroun méridional ? Il serait naïf de quiconque de négliger la guerre en cours au Cameroun méridional lorsque la transition de Biya est évoquée ou planifiée. Ce point doit être un facteur, sinon le facteur principal, à prendre en compte en premier si l’on veut garantir une transition en douceur.

Pour conclure, tout calcul politique actuel sur le Cameroun qui tenterait de saper ces points que j’ai soulevés pourrait être préjudiciable, voire suicidaire, pour l’avenir du Cameroun. Très peu de personnes et de familles ont fait fortune au Cameroun sous Ahmadou Ahidjo et Paul Biya en faisant dérailler l’économie du pays au détriment de plusieurs générations.

N’est-il pas temps de remettre le Cameroun sur les rails afin que les pauvres, les chômeurs, les masses souffrantes et les générations futures puissent également avoir une chance ? Arrêtez de demander où se trouve Paul Biya et commencez à vous demander : que fais-je pour contribuer à la paix et à la construction nationale après Biya ?

Après Biya, ce n’est plus vous Biya. Vous êtes l’avenir que vous avez demandé !

Merci de lire attentivement.

Dr. David Makongo