L’officier malien Assimi Goita s’est autoproclamé, mercredi, chef de la junte, au lendemain du coup d’État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre. Le colonel a affirmé, depuis le ministère de la Défense, sa volonté d’assurer « la continuité des services de l’État ».
« Le Mali se trouve dans une situation de crise socio-politique, sécuritaire. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Nous, en faisant cette intervention hier, nous avons mis le pays au-dessus (de tout), le Mali d’abord », a-t-il affirmé. L’officier était apparu à la télévision dans la nuit de mardi à mercredi lors de l’annonce par un groupe de militaires de la création du CNSP, mais il n’avait pas pris la parole.
Le colonel Goita s’exprimait pour la première fois, mercredi, après avoir rencontré des hauts fonctionnaires au siège du ministère de la Défense. « Il était de mon devoir de rencontrer les différents secrétaires généraux pour que nous puissions les assurer de notre soutien par rapport à la continuité des services de l’État », a-t-il expliqué. « Suite à l’événement d’hier qui a abouti au changement de pouvoir, il était de notre devoir de donner notre position à ces secrétaires généraux pour qu’ils puissent travailler », a-t-il poursuivi.
L’officier d’une quarantaine d’années est issu du Prytanée militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako, qui forme les meilleurs éléments de l’armée. Il était jusqu’ici le patron des Forces spéciales maliennes basées dans le centre du pays, une région en proie depuis 2015 à des violences jihadistes et intercommunautaires, ont indiqué des membres de son entourage, qui le disent « très rigoureux ».
Plusieurs militaires s’exprimant sous le couvert de l’anonymat ont estimé que c’est lui le véritable instigateur du coup d’État qui a fait tomber le président Keïta après sept années de pouvoir. Il est de la même promotion que plusieurs autres membre de la junte, dont le colonel Malick Diaw, selon son entourage.
Appel à l’arrêt du vandalisme
Lors d’un point-presse plus tôt dans l’après-midi, le porte-parole du CNSP, le colonel-major Ismaël Wagué, avait appelé les Maliens à « vaquer librement à leurs occupations » et à « reprendre sainement leurs activités ». Il avait également demandé « d’arrêter immédiatement les actes de vandalisme et de destruction des édifices publics » et promis de prendre « toutes les mesures » à l’égard de « tout porteur d’uniforme qui se fera prendre en flagrant délit de racket ».
« Nous ne tenons pas au pouvoir mais nous tenons à la stabilité du pays qui nous permettra de réaliser dans des délais raisonnables consentis des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre le gouvernement et les gouvernés », avait-il poursuivi.
Les putschistes sont sous la pression de la communauté internationale. L’Union africaine a annoncé mercredi la suspension du Mali de l’organisation « jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel », tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les soldats mutinés à « regagner sans délai leurs casernes » et à libérer « immédiatement » tous les dirigeants arrêtés. Le président français Emmanuel Macron a également réagi dans la soirée, estimant que « la lutte contre les groupes terroristes et la défense de la démocratie et de l’État de droit sont indissociables ».
Avec AFP