M’mah Sylla, une jeune guinéenne de 28 ans victime de viol suivi de grossesse, puis d’avortement forcé par des médecins est décédée en novembre 2021, alors qu’elle était évacuée sur la Tunisie pour des soins intensifs.

Le procès de la jeune dame qui a souffert le martyre avant son décès vient de prendre fin.

La juridiction criminelle de Mafanco en charge de ce dossier a prononcé de lourdes peines contre les médecins incriminés dans cette affaire.

Certains parmi eux ont écopé de 15 à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir été reconnus coupables des faits de viol d’avortement, d’administration de substances nuisibles sur la personne de feue M’Mah Sylla.

Ce jeudi 06 avril 2023, le collectif des parties civiles réunissant avocats et organisations de défense des droits humains, qui n’a cessé de réclamer justice pour la défunte a tenu à s’adresser à l’opinion.

A travers une déclaration lue devant les médias, cette entité a invité la justice guinéenne mais aussi l’ensemble des acteurs concernés à s’activer pour renforcer le mécanisme de lutte contre les violences perpétrées à l’égard de la femme.

Pour les membres du collectif, il est inadmissible qu’un tel acte se reproduise en Guinée.

Ci-dessous copie de ladite déclaration:

<span;>DECLARATION PRELIMINAIRE

JUSTICE AURA ÉTÉ RENDUE …. M’MAH SYLLA POURRA DESORMAIS MOURIR EN
PAIX…

Toutes les oraisons funèbres lues ce jour de ton inhumation auront désormais un sens !

Le tribunal de première instance de Mafanco a tranché ce 04 avril 2023 en retenant dans les liens de la culpabilité Patrice LAMAH, Célestin MILLIMONO, Daniel LAMAH, Sébory CISSE, tes bourreaux.

Le tribunal a retenu à leur encontre les faits de Coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner…

L’avortement, le risque causé à autrui, le viol…

Je pense à toi M’Mah, à ta grand-mère, à ton père ainsi qu’à toute ta famille, durement éprouvés, comme eux, cette décision de justice qui ne te réveille pas nous soulage. Le temps de la justice, différent du temps tout court a sonné pour toi et tes proches.

Cette décision devrait marquer plus fortement le regard des juges mais aussi une certaine pratique judiciaire pour lutter plus efficacement contre les atteintes à l’intégrité physique de la jeune fille, de la fille et de la femme dont les corps sont aussi sacrés que tous les autres corps.

Par cette décision historique puisqu’une première nationale se dessine une évolution dans le prononcé de la sanction par les juges lorsqu’il s’agit d’appréhender, d’apprécier la faute du médecin dans l’exercice de son activité professionnelle ou en dehors, lorsqu’il aura abusé de son statut et commis des fautes dont les conséquences pourraient être à l’origine de la mort bête d’une jeune femme de 28 ans qui tu étais, pleine de vie, d’espoirs et le symbole d’une beauté…

La décision M’Mah Sylla devrait désormais faire jurisprudence et s’imposer à tous et à toutes, y compris au-delà des frontières de Guinée.

Pour une première, la voix outre-tombe est entendue par le juge et la justice de Guinée.

La conviction du juge s’est faite, au-delà du rapport du médecin légiste. L’innovation la plus marquante dans cette décision judiciaire réside dans l’idée que l’acte d’avorter ainsi que les actes chirurgicaux réalisés par le médecin peuvent être considérés par un tribunal non pas comme de la chirurgie pour préserver la vie, en soignant le mal, mais des coups et blessures qui mettent en avant l’instinct criminel d’un professionnel, dont la noblesse doit l’amener à protéger plus qu’à tuer.

Dans le contexte général de lutte contre l’impunité, cette décision doit conduire les praticiens du droit et les acteurs des sociétés civiles, à réclamer d’améliorer les textes de sorte à réprimer les violences commises ou susceptibles d’être commis en milieu médical et du fait des professionnels de ce secteur.

L’éthique et la déontologie doivent être déterminants du port et de la conduite de la blouse blanche.

Repensons le code de déontologie médicale pour assurer plus de cohésion et plus d’harmonie dans un secteur clé de la vie.

Agissons pour plus de responsabilité des autorités judiciaires, elles viennent d’en administrer la preuve, des autorités nationales et surtout ordinales qui ont brillé par leur absence tout le long de cette procédure et de ce procès.

En espérant qu’elles ne manqueront pas de prendre la suite du juge en prononçant, au terme d’une procédure disciplinaire des radiations.

Le drame et la tragédie de la famille de M’Mah SYLLA devraient stimuler nos consciences citoyennes et collectives contre l’immobilisme, insupportable, la torpeur, irréprochable, pour enfin prendre conscience et faire face à nos engagements, les uns et les autres. La lutte contre la violence sexiste
<span;>et sexuelle ne saurait être disputée par rien ni personne, y compris par un instinct corporatiste, oubliant les exigences qu’impose le serment d’Hippocrate.

Imaginons des enseignements de VGB dans le cursus de formation de l’ensemble de nos professionnels de Santé.

L’échec est aussi moral même s’il ne faut pas tout confondre. La mort de M’MAH SYLLA ne doit pas être rien.

Tout comme celle de Dame Aissatou SOW dont le sort judiciaire a été en dessous de celui de M’Mah SYLLA.

Sauvons toutes les autres vies de jeunes filles et de jeunes femmes particulièrement exposées à
<span;>l’instinct bestial d’hommes agissant suivant des mobiles incompréhensibles et inacceptable:

Contre ceux-là, la loi, le droit et la justice devraient systématiquement sévir!

Synthèse de Hadja Kadé Barry