L’ex-président sud-africain Jacob Zuma, condamné à 15 mois de prison pour outrage à la justice, s’est constitué prisonnier mercredi soir, à quelques minutes de l’ultimatum que lui avait fixé la justice.

Quelques minutes avant l’ultimatum fixé à minuit par la justice, l’ex-président d’Afrique du Sud Jacob Zuma, condamné à 15 mois de prison ferme pour outrage, s’est constitué prisonnier dans la soirée de mercredi 7 juillet.

Une demi-heure avant la fin de l’ultimatum, un convoi d’une dizaine de voitures a quitté à vive allure la résidence de Jacob Zuma à Nkandla, en pays zoulou (Est). Il n’a été ni vu, ni entendu mais jusque tard dans la soirée – bien après le couvre-feu fixé à 21 heures – des dizaines de partisans ont chanté et dansé, certains portant des bandeaux traditionnels en peau de bête.

C’est finalement par un tweet que la nouvelle est tombée : « Le président Zuma a décidé de se conformer à l’ordre d’incarcération. Il est en route vers un établissement correctionnel » dans la province du Kwazulu-Natal, a déclaré la fondation qui le représente.

Le ministère de la Police a confirmé peu après qu’il avait été « placé en détention ».

Ce n’est pas « un aveu de culpabilité », a toutefois souligné le porte-parole de Jacob Zuma, Mzwanele Manyi. L’ex-président a été condamné pour avoir évité obstinément de répondre aux questions d’une commission d’enquête sur la corruption.

Une de ses filles, Dudu Zuma-Sambudla, a ironisé sur les réseaux sociaux « célébrer l’emprisonnement du combattant de la liberté », qui a passé dix ans au pénitencier de Robben Island aux côtés de Nelson Mandela.

Aux alentours de 01 h 30, un convoi est entré dans l’enceinte de la prison d’Escourt, sous forte présence policière. C’est là que « M. Jacob Gedleyihlekisa Zuma a été admis pour commencer à purger sa peine », a déclaré l’administration pénitentiaire dans un communiqué.  Située à plus de 200 km de la résidence de Jacob Zuma, la prison ouverte en 2019 a une capacité d’accueil dépassant 500 détenus.

Jacob Zuma, 79 ans, a été condamné la semaine dernière par la plus haute juridiction du pays. Ne s’étant pas rendu de lui-même avant dimanche, la police avait ordre de l’arrêter au plus tard mercredi à minuit.

Familier des tribunaux, l’ancien président a obtenu que la Cour constitutionnelle réexamine sa sentence lors d’une nouvelle audience prévue le 12 juillet. Il avait aussi réclamé que son arrestation soit suspendue d’ici là, mais la décision doit être rendue vendredi par le tribunal de Pietermaritzburg (Est).

Ces recours en justice ont fait planer l’incertitude sur son incarcération. Ces derniers jours, la police elle-même avait laissé entendre qu’elle pourrait renoncer à arrêter Jacob Zuma. Dans un courrier adressé à la Cour constitutionnelle, elle avait indiqué qu’elle n’interviendrait pas avant l’aboutissement des recours judiciaires.

Mais dans une volte-face mercredi matin, le ministre de la Police Bheki Cele a affirmé n’être « pas prêt à affronter des accusations d’outrage à la justice » pour ne pas avoir exécuté l’ordre.

Mettant en cause l’impartialité des juges, Jacob Zuma a mis en avant un état de santé « instable », arguant qu’une incarcération « reviendrait » à le « condamner à mort » dans le contexte de la pandémie.

Provocateur

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Samedi, il avait aussi prévenu, après avoir régalé ses partisans de plaisanteries, qu’il fallait s’attendre à des violences si la police « osait » l’arrêter. Le lendemain, il lançait, provocateur : « Pas besoin que j’aille en prison aujourd’hui. » Mais peu après l’annonce de sa mise en détention, les groupes de supporters rassemblés à Nkandla s’étaient évaporés.

Jacob Zuma est accusé d’avoir pillé les ressources publiques pendant ses neuf années au pouvoir (2009-2018). Depuis la création en 2018 d’une commission d’enquête sur la corruption d’État, celui qui a été mis en cause par une quarantaine de témoignages a multiplié les manœuvres pour éviter de témoigner.

Le porte-parole du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, Pule Mabe, a salué une victoire pour « l’État de droit et l’indépendance de la justice » dans cette jeune démocratie.

Englué dans les scandales, Jacob Zuma avait été poussé à la démission en 2018. Son successeur, Cyril Ramaphosa, a fait de la lutte contre la corruption une priorité.

Avec AFP