Nicolas Maduro reste ferme sur ses positions. Dans une conférence de presse ce vendredi, le président vénézuélien a réaffirmé que le Venezuela ne laissera pas entrer l’aide humanitaire internationale envoyée par plusieurs pays dont les Etats-Unis. Son pays traverse la pire crise économique de son histoire et l’aide qui a été acheminée jeudi à la frontière entre la Colombie et le Venezuela devait être distribuée aujoud’hui.

C’est une véritable opération de communication qui a été orchestrée ce vendredi à la frontière entre le Venezuela et la Colombie. Le but : montrer aux caméras du monde entier qu’il s’agît bien d’une aide humanitaire.

Et c’est dans le centre d’approvisionnement de Las Tienditas que tout s’est déroulé. Les chargements arrivés jeudi ont été déballés. Des sacs ont été remplis par des volontaires. Chaque sac contenant tous les produits de base disponibles comme par exemple du café, de l’huile, de la farine ou encore du chocolat.

Cette opération a été réalisée en présence de l’ambassadeur américain en Colombie, d’un représentant de Juan Guaido, Lester Toledo, et du directeur de l’Unité nationale de gestion des risques et des désastres en Colombie, qui aura la charge de distribuer cette aide.

Ces premiers chargements d’aide humanitaire sont principalement destinés aux 250 000 à 300 000 Vénézuéliens qui sont en danger de mort faute de médicaments et d’aliments, selon Juan Guaido. Mais l’acheminement de cette aide au Venezuela va dépendre du bon vouloir de l’armée vénézuélienne. Car à l’heure actuelle la frontière est fermée.

Maduro ferme sur ses positions

Car pour Nicolas Maduro, le Venezuela n’a pas besoin de cette aide. Dans une conférence de presse ce vendredi il a assuré qu’elle est un prétexte pour une invasion militaire nord-américaine, rapporte notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille.

Il ne laissera rien rentrer. Pour Nicolas Maduro, le Venezuela n’a pas besoin de l’aide humanitaire promise par Juan Guaido. Le président vénézuélien dénonce un spectacle médiatique pour justifier une intervention militaire des Etats-Unis.

Selon Nicolas Maduro, le seul moyen de soulager les difficultés rencontrées par les Vénézuéliens, c’est la levée des sanctions américaines. « Ce n’est pas une aide, c’est un message d’humiliation à un peuple. S’ils veulent aider, ils devraient lever toutes les sanctions économiques, la persécution financière, le blocus économique. Ils nous volent 10 milliards de dollars. Avec ces 10 milliards de dollars, nous pourrions largement garantir tout ce qui est nécessaire au peuple vénézuélien », a déclaré le chef de l’Etat.

Il juge donc burlesque que l’opposition tente de séduire l’opinion vénézuélienne avec l’arrivée d’une aide de quelques dizaines de millions de dollars.

Il a invité les Etats-Unis et la Colombie à distribuer l’aide de l’autre côté de la frontière. « Il y a beaucoup de pauvreté à Cucuta », a-t-il précisé, estimant que les Colombiens en auraient bien plus besoin que ses concitoyens. Il a assuré que le blocage de cette aide se ferait grâce à la loi.

Chaîne humaine

Alors face au refus de Caracas, à la frontière colombienne, on s’organise. Et l’idée de faire passer cette aide directement par les 20 000 Vénézuéliens qui traversent chaque jour à pied le pont voisin Simon Bolivar, fait son chemin.

« Nous savons quand et comment va passer l’aide et qui va nous aider, assure ainsi l’opposant Lester Toledo. C’est avec l’aide de l’immense majorité du peuple vénézuélien que nous allons faire passer cette aide, avec cet immense fleuve des gens qui vont permettre qu’elle arrive. »

L’idée d’une chaîne humaine pour transporter les caisses d’aide humanitaire avait  été lancée un peu plus tôt à Caracas par Juan Guaido. Le leader de l’opposition a aussi demandé aux militaires vénézuéliens de laisser passer l’aide. L’appel a été repris à Cucuta par l’ambassadeur américain, Kevin Whitaker : « Messieurs les officiers et les soldats des forces armées vénézuéliennes, l’opportunité se présente à vous de participer à une grande opération humanitaire pour donner une solution au problème de votre pays. Vous allez devoir prendre une décision. »

L’aide se veut humanitaire. Mais le bras de fer est très politique.