Le Washington Post révèle que les enfants du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné à Istanbul le 2 octobre 2018, ont chacun reçu en compensation des maisons de plusieurs millions de dollars et perçoivent chaque mois des milliers de dollars des autorités saoudiennes.
Selon le Washington Post, auquel contribuait Khashoggi, les maisons en question sont situées à Djeddah dans un même complexe résidentiel, et vaudraient jusqu’à quatre millions de dollars chacune. À cela s’ajoutent des versements mensuels à chacun des quatre enfants supérieurs à 10 000 dollars, poursuit le journal, qui fait référence à des responsables saoudiens, ancien et actuel, ainsi qu’à des proches de la famille.
Et, poursuit le journal, ils « pourraient également recevoir des paiements beaucoup plus élevés – possiblement plusieurs millions de dollars par personne – dans le cadre de négociations pour « le prix du sang » qui sont attendues lorsque les procès des suspects du meurtre s’achèveront dans quelques mois ».
Le Washington Post souligne que les compensations aux enfants Khashoggi ont été autorisées fin 2018 par le roi Salmane, dans le cadre de ce qui a été décrit par un ancien responsable comme la reconnaissance qu’une « grande injustice a été commise » et la tentative de « réparer un tort ». Une pratique qui « fait partie de nos traditions et de notre culture », a précisé cette source.
Les négociations sur ces compensations auraient été menées par Khalid ben Salmane, frère de MBS et ambassadeur d’Arabie saoudite aux États-Unis. Seul Salah, fils aîné de Jamal Khashoggi, vit toujours en Arabie saoudite à Djeddah où il est banquier, selon le quotidien américain. Les trois autres, un frère et deux sœurs, habitent aux États-Unis.
Critique du régime, l’intellectuel saoudien, qui résidait aux États-Unis, a été tué et démembré le 2 octobre par un commando de quinze agents saoudiens venu de Riyad dans le consulat de son pays à Istanbul, où il effectuait des démarches administratives. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Après avoir nié le meurtre, l’Arabie saoudite a évoqué une opération menée par des éléments « hors de contrôle » et qui aurait dégénéré. Le procès de onze suspects s’est ouvert en début d’année devant la justice saoudienne, le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d’entre eux. Mais des zones d’ombre persistent, à commencer par le rôle du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme « responsable » du meurtre par le Sénat américain.
(Avec AFP)