En Arménie, le Premier ministre, Nikol Pachinian, dénonce, ce 25 février, une tentative de coup d’État militaire. Ce jeudi matin, une quarantaine d’officiers supérieurs ont appelé à la démission du Premier ministre. Ces officiers ont aussi appelé les autres organes de force du pays à ne pas employer la force contre les manifestants qui défilent depuis des semaines pour exiger le départ de Pachinian, accusé d’être le principal responsable de la défaite militaire face à l’Azerbaïdjan, au sujet de la province du Haut-Karabagh, à l’automne dernier.
Tout s’est accéléré ce jeudi 25 février au matin avec l’annonce du gouvernement du renvoi du premier chef adjoint de l’état-major général des forces armées arméniennes, Tiran Khachatryan. Un renvoi sans ménagement, peut-être parce qu’il aurait ironisé au micro d’un journaliste au sujet d’une déclaration du Premier ministre Nikol Pachinian.
Position politique de l’armée
Dans la foulée, une quarantaine d’officiers supérieurs, certains comptant parmi les plus haut responsables de l’armée, ont appelé à la démission du chef du gouvernement. Pour la première fois depuis la défaite dans la guerre du Haut-Karabagh, les officiers prennent donc une position politique, alors que depuis des semaines l’opposition défile dans les rues d’Erevan pour exiger le départ de M. Pachinian.
Réunion des partisans de Pachinian
Pour le moment, cette opposition, bien que comportant les poids lourds de la politique arménienne comme les ex-présidents Robert Kotcharian et Serge Sarkissian, n’est pas parvenue à entraîner beaucoup de citoyens dans son sillage. La situation inquiète Nikol Pachinian, qui après avoir demandé la démission du chef de l’état-major, Onnik Gasparian, a appelé ses partisans à se réunir massivement cet après-midi, place de la République.
La Russie est le principal allié de l’Arménie dans le Caucase et elle jouit toujours d’une très grande influence dans ce pays – militaire, économique et politique. C’est donc avec prudence et une bonne dose d’attentisme que le Kremlin a réagi, raconte Daniel Vallot, le correspondant de RFI à Moscou. Dmitri Peskov le porte-parole de Vladimir Poutine, se contente de lancer un appel au calme : « C’est avec inquiétude que nous observons la situation en Arménie. Nous considérons qu’il s’agit d’une affaire intérieure à ce pays qui est un allié proche et important. Nous appelons tout le monde au calme, et souhaitons que la situation reste conforme au cadre constitutionnel »
Cette position pour le moins prudente reflète sans doute une certaine réticence à soutenir le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian arrivé au pouvoir à la suite de l’une de ces mobilisations populaires honnies par le Kremlin. Son affaiblissement politique à la suite du désastre subi à l’automne dans le Haut-Karabakh, n’a certainement pas été vu d’un mauvais œil par la Russie. La Russie dont l’influence en Arménie s’est encore accrue à la suite de ce conflit : c’est elle, en effet, qui contrôle sur le terrain l’application du cessez-le-feu.