L’ancien patron de l’UEFA Michel Platini et l’ancienne conseillère Sports de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, ont été placés mardi 18 juin en garde à vue dans le cadre de l’enquête française pour corruption sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.
Le parquet national financier cherche à déterminer le rôle joué par la France et ses représentants politiques et sportifs dans la désignation du Qatar le 2 décembre 2010 par la Fédération internationale de football (Fifa) pour accueillir la Coupe du monde de football de 2022.
La justice française s’intéresse en particulier à « une réunion secrète » au palais de l’Élysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, et Michel Platini alors président de l’UEFA et vice-président de la Fifa. Cette réunion avait été révélée par l’hebdomadaire France Football.
Selon France Football cité par Mediapart, « au cours de cette réunion, il a tour à tour été question du rachat du PSG par les Qataris (devenu effectif en juin 2011), d’une montée de leur actionnariat au sein du groupe Lagardère, de la création d’une chaîne de sport (BeIN Sports) pour concurrencer Canal+ (…) en échange d’une promesse : que Platini ne donne pas sa voix aux États-Unis, comme il l’avait envisagé, mais au Qatar ».
Suite à son arrestation, Michel Platini a assuré qu’il n’avait « strictement rien à se reprocher » et s’est dit « totalement étranger à des faits qui le dépassent »
« Interférence gouvernementale de M. Sarkozy »
La désignation du Qatar par les membres du comité exécutif de la Fifa, avait été l’un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué l’organisation à partir de 2015. L’ancien président de la Fifa, Sepp Blatter, contraint au départ, avait mis en cause la France. Selon lui, « un arrangement diplomatique » existait pour que les Mondiaux 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux États-Unis, un plan qui aurait échoué à cause de « l’interférence gouvernementale de M. Sarkozy », qui avait réfuté toute intervention.
Sepp Blatter avait été entendu comme témoin en Suisse en 2017 à la demande de la justice française. Il a été suspendu 6 ans par la Fifa « de toute activité liée au football » pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros), à son ex-ami et allié Michel Platini, lui aussi suspendu 4 ans.
L’ex-secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, est également entendu en audition libre par les enquêteurs de l’office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris, selon une source judiciaire et une source proche de l’enquête, confirmant une information de Mediapart.
(avec AFP)