Avec 86 % des voix, Patrice Talon a été très confortablement réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle organisée dimanche au Bénin, selon les résultats provisoires annoncés mardi soir par la Commission électorale. Le chef de l’État faisait face à des candidats de l’opposition quasiment inconnus.

Il avait promis à ses électeurs une « victoire KO » dès le premier tour. Dans un scrutin où il faisait face à des candidats de l’opposition quasiment inconnus, le président sortant Patrice Talon a sans surprise été réélu avec un peu plus de 86 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés mardi soir par la Commission électorale du Bénin.

« Le duo Patrice Talon et Mariam Talata (candidate à la vice-présidence à ses côtés) obtient dès le premier tour la majorité des suffrages exprimés », a déclaré Geneviève Boko Nadjo, la vice-présidente de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Le président sortant a obtenu 86,36 % des suffrages exprimés, score qui lui permet d’éviter un second tour.

Le scrutin a été marqué par une participation faible, comme l’ont noté les observateurs de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ainsi que ceux de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et confirmé la vice-présidente de la Commission, qui a déclaré un taux de participation de 50,17 %.

La Cour constitutionnelle devra vérifier ces chiffres dans les prochains jours et prononcera les résultats définitifs.

Soupçons de fraudes

Patrice Talon faisait face à deux candidats d’opposition quasiment inconnus du grand public : Alassane Soumanou, qui a été ministre du président Thomas Boni Yayi, et Corentin Kohoué, un politicien béninois qui s’était lancé pour la première fois dans la course à la présidence.

L’opposition n’a pour l’instant pas réagi à l’annonce de cette victoire attendue, mais l’opposant Alassane Soumanou avait dénoncé des « bourrages d’urnes » et une élection non transparente.

Réagissant à ces accusations et à des vidéos de fraudes diffusées sur les réseaux sociaux, Alain Orounla, le porte-parole du gouvernement, a assuré mardi, peu avant l’annonce des résultats, que « le but (des auteurs des fraudes) était réellement de discréditer le processus électoral après avoir échoué dans leur projet de déstabilisation du pays ».

Un président « face à lui-même »

Le scrutin s’est tenu après une semaine de manifestations, parfois violentes, d’opposants à Patrice Talon.

Le richissime homme d’affaires ayant fait fortune dans le coton est accusé d’avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire. Lors de sa première élection en 2016, il s’était engagé à devenir le premier président africain à instaurer un mandat unique de sept ans (contre cinq ans renouvelable une fois au Bénin).

Outre sa volonté de se maintenir au pouvoir, l’opposition lui reproche d’avoir modifié la Constitution pour s’assurer un contrôle total du Parlement et d’avoir exclu ses principaux opposants de la course à la présidence, les grandes figures de l’opposition étant en exil, incarcérées ou frappées d’inéligibilité.

Des opposants avaient d’ailleurs appelé au boycott du scrutin, dénonçant une élection gagnée d’avance, avec un président « face à lui-même ».

L’ONG de défense de la démocratie Freedom House, financée par le gouvernement américain, a rétrogradé le Bénin l’an dernier dans son classement mondial, de la catégorie « libre » à « partiellement libre ».

Patrice Talon a dit vouloir engager le Bénin dans le développement alors que le pays d’Afrique de l’Ouest enregistre des taux de croissance plutôt bons (5 % de prévision pour 2021) dans un contexte de crise économique globale.