Chanteur, businessman, patron d’Adidas et de l’OM, ministre, taulard, comédien… L’homme aux mille vies est décédé ce dimanche à l’âge de 78 ans. Adulé ou détesté, le symbole des années fric aura aussi été un infatigable adversaire de l’extrême droite.
C’était son dernier combat. Il a rendu les armes.Bernard Tapieest mort ce dimanche matin, vaincu parle cancer contre lequel il luttait depuis des années. « Il est parti paisiblement, entouré de sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et son frère, présents à son chevet, indique sa famille dans un communiqué adresséà La Provence. Personnage controversé, son décès coupe la France en deux. D’un côté, les admirateurs de Nanard étaient prêts à tout pardonner à l’escroc sympathique et gouailleur de sa marionnette des « Guignols de l’info ». De l’autre, ceux, à gauche comme à droite, qui détestaient ce Berlusconi à la française, mélange d’affairisme et de politique.
Qui était-il vraiment? Difficile à dire tant il s’est lui-même acharné à brouiller les pistes. « Il biaise, il ruse, il invente… chez Tapie, le mensonge est un art de vivre », avait confirmé l’ex-footballeur de l’OM Basile Boli dans ses Mémoires. Selon les interlocuteurs, l’homme, grande gueule, se donnait des airs de businessman sans foi ni loi ou de fils du peuple fidèle aux valeurs de son milieu d’origine.
Omniprésent dans les médias, dont il était un « bon client », toujours capable d’affoler l’Audimat, l’homme restera au fond un mystère. Pourquoi le gamin du Bourget (Seine-Saint-Denis), fils d’un prolo sympathisant communiste, est-il devenu ce milliardaire bling-bling, amateur de belles villas, de yachts et de voitures de luxe ?
La revanche sociale n’explique pas tout. « Il a cherché à épater son père tout le temps. Et il a eu l’impression de ne jamais réussir ça », a tenté d’expliquer son fils Laurent. Taraudé par le rejet paternel, le jeune Tapie en rajoute pour arracher la reconnaissance du père.
De Rastignac à Edmond Dantès
Pour faire fortune, le gamin turbulent, féru de sport et de jolies filles, ne peut compter sur ses diplômes : il n’en a aucun. Mais il est malin, beau mec et n’a pas froid aux yeux. Au milieu des années 1960, il se lance dans la chanson. C’est un bide, il parie alors sur son incroyable bagout pour faire son trou. Il vend des télés, ouvre un magasin discount, lance une affaire d’assistance médicale et tente même, en 1979, d’arnaquer Bokassa, l’ancien dictateur centrafricain.
A l’arrivée de la gauche au pouvoir, l’aventurier, qui a accumulé les échecs, se mue soudain en requin de la finance. Des mentors lui ont appris comment s’enrichir en faisant main basse sur des entreprises en difficulté (La Vie claire, Look, Wonder…). On le soupçonne d’être l’homme de paille d’intérêts mafieux. Lui s’en fout. Il amasse un tas d’or, fait son show à la télé, devient l’une des personnalités préférées des Français. Il tape dans l’œil de Mitterrand qui en fait son ministre avant de l’utiliser pour neutraliser Rocard et de le pousser à aller battre le fer contre Le Pen à Marseille. Ni de droite ni de gauche, Tapie restera toute sa vie fidèle à ce combat contre l’extrême droite.
La revanche sociale n’explique pas tout. « Il a cherché à épater son père tout le temps. Et il a eu l’impression de ne jamais réussir ça », a tenté d’expliquer son fils Laurent. Taraudé par le rejet paternel, le jeune Tapie en rajoute pour arracher la reconnaissance du père.
De Rastignac à Edmond Dantès
Pour faire fortune, le gamin turbulent, féru de sport et de jolies filles, ne peut compter sur ses diplômes : il n’en a aucun. Mais il est malin, beau mec et n’a pas froid aux yeux. Au milieu des années 1960, il se lance dans la chanson. C’est un bide, il parie alors sur son incroyable bagout pour faire son trou. Il vend des télés, ouvre un magasin discount, lance une affaire d’assistance médicale et tente même, en 1979, d’arnaquer Bokassa, l’ancien dictateur centrafricain.
A l’arrivée de la gauche au pouvoir, l’aventurier, qui a accumulé les échecs, se mue soudain en requin de la finance. Des mentors lui ont appris comment s’enrichir en faisant main basse sur des entreprises en difficulté (La Vie claire, Look, Wonder…). On le soupçonne d’être l’homme de paille d’intérêts mafieux. Lui s’en fout. Il amasse un tas d’or, fait son show à la télé, devient l’une des personnalités préférées des Français. Il tape dans l’œil de Mitterrand qui en fait son ministre avant de l’utiliser pour neutraliser Rocard et de le pousser à aller battre le fer contre Le Pen à Marseille. Ni de droite ni de gauche, Tapie restera toute sa vie fidèle à ce combat contre l’extrême droite.
Et, malgré l’intervention de Nicolas Sarkozy en faveur d’un arbitrage qui lui sera profitable,l’affaire Adidas-Crédit lyonnaisle met au final sur la paille. L’arbitrage devient une nouvelle affaire et il est jugé en mars 2019 pour escroquerie et détournement de fonds publics. Relaxé le 9 juillet, le parquet fait appel.Le second procès s’achève le 9 juin 2021 sans l’homme d’affaires, dont l’état de santé s’est à nouveau dégradé. La décision sera rendue le 6 octobre prochain.
Victorieux en première instance, Bernard Tapie n’en reste pas moins ruiné. Il était Julien Sorel, le voilà Edmond Dantès. Il s’invente une vie d’artiste, monte sur les planches, tourne pour Lelouch et laisse planer l’idée d’un retour en politique. Le phénix avait fini par nous faire croire qu’il renaîtrait toujours de ses cendres. Le rideau est tombé sur cette vie de roman.
LE PARISIEN