L’ancien président du Niger Mamadou «Baba» Tandja, qui avait dirigé le pays de 1999 à 2010, date de son renversement par un putsch, est décédé mardi 24 novembre à Niamey à l’âge de 82 ans. Un deuil de trois jours sera observé sur toute l’étendue du territoire national. Retour sur le parcours d’un homme resté très populaire.
« Le président de la République et le gouvernement ont le regret de vous annoncer le décès de son Excellence Tandja Mamadou, ancien président de la République du Niger, décès survenu ce jour 24 novembre à Niamey », selon un communiqué de la présidence lu à la télévision publique nigérienne.La cause de la mort n’est pas précisée. « Un deuil de trois jours sera observé sur toute l’étendue du territoire national », conclut le texte.
Ancien compagnon du général Seyni Kountché avec lequel il renverse la première République (1974), Tandja Mamadou est un militaire de carrière, un homme charismatique au regard sévère.
Après les armes, Tandja Mamadou embrasse la vie politique en 1990. Ministre de l’Intérieur sous Ali Saibou, il dirige d’une main de fer la région de Tahoua et la répression de la révolte touarègue, en mai 1990, à Tchintabaraden, dans le nord du pays rappelle notre correspondant à Niamey, Moussa Kaka.
La conférence nationale nigérienne de 1991 met en place un gouvernement de transition, dirigé par Amadou Cheiffou. Mamadou, qui conduit l’ancien parti-État, le MNSD-Nassara, se présente aux présidentielles de 1993 et 1996, mais il doit attendre celle de novembre 1999 pour accéder au pouvoir.
Un homme de la ruralité
Avec son franc parler, Tandja Mamadou est à l’aise dans le monde rural, une majorité silencieuse auprès de laquelle il est resté très populaire. Ses interventions en langue locale sont beaucoup appréciées. C’est d’ailleurs sans grande difficulté qu’il est réélu pour un second mandat de cinq ans, en 2004. Il fait de Hama Amadou son Premier ministre, qu’il considère comme son dauphin, et qui va très vite lui voler la vedette.
« Tandja était un pragmatique et un homme de bon sens », résume un proche du MNSD. « C’était aussi un homme intègre qui n’a jamais pris un seul franc CFA des caisses de l’État », précise-t-il.
Il restera aussi l’homme du tazarché (« continuité », en haoussa), celui qui en 2009 a voulu faire un troisième mandat alors que la Constitution prévoyait son retrait. Mamadou Tandja justifie cette prolongation en disant vouloir finir les chantiers entamés. Une crise s’ouvre alors et il est renversé le 18 février 2010 par une junte militaire qui l’envoit plusieurs mois en prison.
L’histoire retiendra aussi que c’est sous son règne sur les premiers barils de pétrole sont sortis du sous-sol nigérien.
Un président patriote
À 82 ans, « Tandja Mamadou vient de nous quitter après avoir vaillamment lutter contre la mort », écrit l’un des candidats aux élections de décembre 2020. Tandja Mamadou laisse le souvenir d’un président au patriotisme chevillé au corps.
Pour Ali Sabo, ancien vice-président du MNSD et fidèle de l’ex-chef d’État, le décès de Mamadou Tandja est une grande perte non seulement pour le pays mais également pour la région :
On peut lui reprocher son parcours politique. Mais l’homme a fait du Niger un pays, un État, une nation. Tandja était pour une politique du développement à la base, s’intéresser au paysan, à l’éleveur, à la ménagère de la campagne. Il a construit des puits un peu partout ; il a aidé la femme en lui apportant une contribution pour son émancipation économique. Son souci était le monde rural, d’aider le paysan à avancer.
Issoufou Tamboura, son compagnon politique, salue pour sa part un père de la nation qui a tout donné pour son pays : « il est de la race des grands hommes d’État, il ne disparaîtra jamais de la pensée populaire du Niger. »
On vient de perdre un homme d’État et un patriote sincère qui a donné tout ce qu’il a pu pour ce pays et qui a toujours eu un comportement digne. Je retiens de son action qu’elle fut désintéressée à tous les postes où il a servi le Niger. Il visait l’enrichissement du Niger tout entier. Les dettes intérieure et extérieure étaient gigantesques. En moins de cinq ans, il a relevé le pays. Au deuxième mandat, c’est lui qui a amené le pétrole : non seulement, le Niger était producteur de brut, mais il vend aujourd’hui ses produits raffinés à tous les pays limitrophes.