C’est ce mardi 9 février que doit commencer le deuxième procès en destitution de Donald Trump, qui devient le premier président américain à affronter à deux reprises cette procédure infamante. Il est accusé d’avoir incité l’insurrection qui a conduit une foule de ses partisans à investir le Capitole le 6 janvier dernier. Une intrusion qui avait fait cinq morts. Ce lundi matin, les avocats de Donald Trump ont transmis leur argumentaire au Sénat. Ils demandent tout simplement l’annulation du procès.
Le procès est une « mise en scène politique dangereuse pour la démocratie » dénoncent les avocats du président. Ils estiment que puisque Donald Trump n’est plus à la Maison Blanche, il ne peut pas être poursuivi dans le cadre d’une procédure de destitution.
L’argument est rejeté par les démocrates et de nombreux experts. La Constitution précise que le Sénat doit mener le procès d’un président mis en accusation, et Donald Trump était toujours en fonction lorsque la chambre a voté son inculpation.
Sur le fond, les avocats de l’ex-président vont aussi plaider le droit à la liberté d’expression. Selon eux, le fait de contester le résultat du scrutin est le droit le plus absolu de chacun. Mais les démocrates, eux, entendent bien prouver que Donald Trump avec ses mensonges répétés a poussé ses partisans à agir.
Ils prévoient d’ailleurs de diffuser pendant le procès des vidéos de l’assaut du Capitole dans lesquelles on entend des émeutiers assurer qu’ils agissent à la demande de Donald Trump.
L’issue du procès ne fait guère de doute. Donald Trump ne sera pas condamné. Il faudrait pour cela que dix sept sénateurs républicains se rallient aux démocrates, ce qui est plus qu’improbable.
Dans ces cas, à quoi sert ce deuxième procès en destitution? Pour des raisons d’ordre psychologiques et politiques, selon Julien Boudon, professeur en droit civil à l’Université Paris Saclay.
Il y a un motif psychologique et un motif politique. On ne mesure pas […] le choc que cela [l’assaut du Capitole] représentait pour les Américains et notamment pour les membres du Congrès. Et Nancy Pelosi l’a très bien dit : on ne peut pas rester les bras croisés, on doit faire quelque chose, il faut que l’on marque le coup, parce que sinon, c’est l’impunité, c’est la porte ouverte à ce que des gestes ou des incitations pareils soient réitérés
« Le parti républicain a été pris en main par Donald Trump. Ce fut au départ une prise de contrôle hostile. Mais maintenant, la plupart des élus réalisent – Trump avait perçu cela avant eux – que le parti républicain est devenu celui d’une classe ouvrière, nationaliste, intrinsèquement conservatrice, économiquement protectionniste qui adore Trump, lui vouant une dévotion servile. Certes, il y a très peu d’élus républicains courageux à la Chambre, ou au Sénat ; certes le parti républicain ne va pas éclater. Mais la transformation du parti en un culte de la personnalité pourrait décourager des électeurs de voter républicain. Ils ne deviendront peut-être pas démocrates en 2024, mais ils cesseront de voter car ils seront dégoûtés par Trump.
« Même si on ne parle que de 5 % des républicains dans des swing circonscriptions, cela fera une grande différence, et ce sera suffisant pour que ce qui se passe soit plus bénéfique pour les démocrates qu’on ne l’imagine actuellement. Car, en 2024, si Donald Trump décidait de se représenter, il serait le candidat incontesté du parti. Mais en raison de ces 5% d’électeurs, il ne serait pas en mesure d’être élu président. Le parti républicain paierait alors le prix de la situation actuelle. »