Grands favoris, les Parisiens n’ont pas tremblé, mardi 18 août, pour largement dominer le RB Leipzig (3-0) et se qualifier pour la première finale de Ligue des champions de leur histoire. L’émotion n’a cette fois-ci pas été fabriquée par un scénario hitchcockien. Les maîtres du suspense parisiens, entrevus en deux minutes et trente secondes de folie face à Bergame, le 12 août, se sont transformés contre Leipzig en impitoyables fossoyeurs.

Mardi 18 août, le Paris Saint-Germain (PSG) n’a eu besoin que de treize minutes avant de concrétiser son indéniable supériorité, idéalement lancé dans la rencontre par une tête pleine de timing de son futur capitaine, le défenseur brésilien Marquinhos. Jamais les joueurs allemands, aux pieds tremblants et inhabituellement maladroits, n’ont paru en mesure de contester le statut de favori de leurs adversaires.

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Qu’importe, la joie des supporteurs parisiens réside dans une première inoubliable en cinquante ans d’existence de leur club chéri : la qualification pour la première finale de Ligue des champions de leur histoire. En 1995, les prédécesseurs de Neymar et de Kylian Mbappé avaient été dominés par le grand Milan AC, en demi-finale d’une compétition qui s’appelait encore de son nom originel : la Coupe d’Europe des clubs champions.

Il aura donc fallu neuf ans aux propriétaires qataris (QSI) du club pour atteindre leur but, eux qui sont depuis l’origine obnubilés par le prestige de la reine des compétitions. Leur slogan souvent raillé « Rêver plus grand » prend enfin tout son sens. Et la valse des coachs essorés par les échecs répétés en huitièmes et en quarts de finale – Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery – appartient désormais au passé.

Une grande satisfaction pour le président Nasser Al-Khelaïfi : « C’est un soir historique pour le club. On avait dit qu’on ne voulait pas rentrer à Paris, on voulait rester pour la finale, a-t-il déclaré. Depuis 2011 et notre arrivée, notre rêve c’est la Ligue des champions, et aujourd’hui on est proches de notre rêve. J’ai parlé à [Thomas] Tuchel, je lui ai dit “vous faites un match magnifique ce soir. Il ne faut pas s’arrêter là”. »

Tuchel vainqueur de son match contre Nagelsmann

Les moqueries des contempteurs du club de la capitale ne sont plus de mise. L’Allemand Thomas Tuchel restera comme le premier entraîneur à avoir mené le PSG en finale. Il est apparu soulagé et d’une sincérité rare : « On a mérité de gagner. J’étais très nerveux, je sentais la pression avant le match. J’ai des joueurs qui ont l’habitude, qui aiment la pression des matchs difficiles. On n’est jamais sûr, c’est le foot, même à 3-0 à la fin, je ne suis jamais détendu. »

L’ex-entraîneur du Borussia Dortmund est pourtant sorti vainqueur haut les mains de la confrontation tactique avec son homologue, compatriote et ancien élève, Julian Nagelsmann. Emprunté dans un costume gris, bariolé et pour le moins osé, le coach du RB Leipzig a vite tombé la veste, échauffé par la fébrilité affolante de sa jeune équipe.

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Dès la 6e minute, Kylian Mbappé, titulaire, trouvait dans le dos de la défense allemande son camarade vedette de l’attaque parisienne. Mais Neymar, d’un pointu de l’extérieur du pied droit, manquait de précision, à l’image de son quart de finale contre l’Atalanta de Bergame. Le poteau gauche sauvait le gardien hongrois Peter Gulacsi. Une minute après, un mauvais dégagement du portier de Leipzig était contré par la main du Brésilien, ce qui annulait – justement – un but de Mbappé, bien placé.

Au milieu de terrain, les choix de Tuchel étaient validés par l’excellente performance de l’Argentin Leandro Paredes et de l’Espagnol Ander Herrera. Devant, le trio d’attaque constitué par Neymar, Mbappé et le revenant Angel Di Maria martyrisait Leipzig. Cela aboutissait à l’ouverture du score, sur un coup franc enroulé de Di Maria repris par Marquinhos d’un coup de casque magistral, que n’auraient pas renié les glorieux anciens comme Antoine Kombouaré ou Ricardo.

Neymar, passeur génial

Le « gegenpressing » cher aux équipes allemandes n’était pas appliqué. Méfiant et inquiet devant la force offensive du PSG, le RB se montrait attentiste. Une seule action allait mettre en difficulté les Parisiens : sur un débordement de Konrad Laimler, Yussuf Poulsen ne cadrait pas sa reprise à bout portant (25e). Un bilan bien maigre pour une équipe qui avait jusqu’à présent enchanté l’Europe grâce à son parcours.

A la 35e minute, Neymar, tour à tour maladroit ou malchanceux dans la finition de ses actions, n’était pas récompensé d’une inspiration géniale. Sur un coup franc excentré côté droit, alors que tout le monde et en premier lieu le gardien Gulacsi attendait un centre, le Brésilien tentait directement sa chance en contournant le mur d’un tir avec effet. Le poteau sauvait une deuxième fois Leipzig.

Quelques minutes plus tard, l’ancien Barcelonais endossait son costume de prédilection depuis la reprise post-Covid, celui de passeur génial. A l’origine, une énième erreur de relance allemande : Peter Gulacsi se manquait complètement, Paredes interceptait et trouvait Neymar dont la subtile talonnade aérienne permettait d’ouvrir le but à son compère Di Maria. L’Argentin doublait la mise à bout portant (42e, 2-0).

Les vagues parisiennes se succédaient et Neymar, encore lui, « refusait » de convertir une énorme occasion. Le service en retrait de Mbappé était parfait mais la reprise fuyait le cadre (44e). Le répit était de courte durée et ce ne sont pas les entrées de deux attaquants, Patrick Schick et Emil Forsberg, qui allaient transformer le visage décevant du club allemand, novice à ce stade de la compétition.

Cinquième club français en finale de Coupe d’Europe

Au contraire, le PSG enfonçait rapidement le clou, par un troisième but qui a dû exaspérer le pauvre Nagelsmann. Nordi Mukiele glissait côté droit, tardait à se relever ce qui permettait à Di Maria de centrer pour la tête victorieuse de Juan Bernat, latéral resté en position d’avant-centre sur cette drôle d’action (57e, 3-0).

Le club d’ex-Allemagne de l’Est, fondé en 2009 par une célèbre marque de boisson énergisante, n’était décidément pas de taille. Les tentatives désespérées d’Angelino (76e) ou de Forsberg (82e) ne permettaient pas de sauver l’honneur. Les Parisiens manquaient également plusieurs occasions. Tuchel pouvait faire entrer ses remplaçants : Marco Verratti, Julian Draxler, le héros des quarts Eric Choupo-Moting et enfin Pablo Sarabia.

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L’homme du match, Angel Di Maria, buteur et double passeur décisif, pouvait savourer la victoire : « On est très content, l’équipe a fait un grand match. On voulait rentrer dans l’histoire du club et on a réussi. On est en finale, c’est très important pour nous, il faut continuer comme aujourd’hui, a déclaré l’Argentin au micro de RMC Sport. C’est nous qui avons rendu Leipzig faible, on a joué à 100 %, on savait qu’avec notre énergie on pourrait se qualifier. On a joué dès la première minute, l’entame a été très bonne »

Dimanche, le PSG sera le cinquième club français à disputer une finale de Coupe d’Europe des clubs champions ou de Ligue des champions. Seuls Reims, Saint-Etienne, Marseille et Monaco étaient parvenus auparavant à ce niveau de la compétition. Pour une seule victoire, celle arrachée par l’OM en 1993 face au Milan AC à Munich.

Mercredi, l’Olympique lyonnais pourrait devenir le sixième club de Ligue 1 finaliste de la grande coupe d’Europe. Pour cela, il faudra écarter une montagne, le Bayern Munich, vainqueur impressionnant et sans pitié du Barça au tour précédent (8-2). Lyon ou Munich, l’adversaire influera sur la perception de cette finale. Dans le premier cas, le PSG endossera le costume de favori. Dans le deuxième, les pronostics seront plus équilibrés, peut-être même à l’avantage des Bavarois.