Édouard Philippe a un ancrage local au Havre, mais c’est bien sa décision de se présenter candidat tête de liste qui retient l’attention. La raison la plus spontanée qui vient à l’esprit pour expliquer cette « pole position » est que le Premier ministre a finalement préféré prendre ses précautions.

Étant rappelé que l’histoire même de la Ve République a été émaillée d’évictions de Premiers ministres en poste, consécutives à une déroute électorale ; étant souligné que les élections municipales, dans une cinquantaine de jours en France, s’annoncent à tout le moins compliquées pour la majorité, Édouard Philippe a manifestement décidé de se ménager un plan B, au cas où le président déciderait, après les municipales, de tourner son Premier ministre en fusible. Qui sait ?

Tout est dans le « si »

Dès lors, une question se pose : Édouard Philippe sera-t-il encore chef du gouvernement après ce scrutin à haut risque pour la macronie ? Dans l’entretien qu’il a accordé au journal Paris-Normandie, l’intéressé le dit : « Si le président de la République continue à m’accorder sa confiance, je continuerai à remplir ma mission de Premier ministre ». Et tout, bien sûr, est dans le « si ».

Cela veut bien dire que « si » Emmanuel Macron renouvelle le bail d’Édouard Philippe à l’Hôtel Matignon, alors, en cas de victoire – probable – de sa liste à l’élection de mars prochain, le conseil municipal de la ville du Havre installera un de ses colistiers dans le fauteuil de maire, fauteuil dont Édouard Philippe ne manquera pas de reprendre possession lorsque sa mission s’achèvera à la tête du gouvernement.

À l’inverse, « si » le chef de l’État décide de le remercier fin mars, Édouard Philippe tête de liste, retrouvera, en cas de victoire, ledit fauteuil de maire. Dans une forme de tradition toute normande, Édouard Philippe s’est donc ouvert une porte de sortie. Un havre de sortie.

Par RFI