Le procès du général Sadiba Koulibaly s’est ouvert ce jeudi 13 juin 2024 devant le tribunal correctionnel militaire de Conakry.

Cet ex-chef d’état-major général des armées est accusé de désertion à l’étranger et de détention illégale d’armes. Aussitôt qu’il a comparu, l’officier a réfuté les accusations. Par rapport au premier chef, il a commencé par rappeler qu’il est général de brigade. Il dit n’avoir que l’arme individuelle qu’il a obtenue lorsqu’il était en service à l’école militaire de Manéah en 2008. n’a jamais détenu illégalement une arme. En plus, a-t-il poursuivi, les gardes qui assuraient sa sécurité quand il était chef d’Etat-major général des armées, sont dotés chacun, d’une arme.

Le second chef d’accusation. Désertion à l’étranger. « Je nais jamais déserté », a dit le général Sadiba Koulibaly. L’officier a expliqué avoir pris service le 18 octobre 2023 en tant que chargé d’affaires à l’ambassade de Guinée à Cuba. Il dit être resté à son poste jusqu’au 22 mai 2024 malgré les difficultés. Selon lui, avec les embargos économiques imposés sur Cuba par les USA, il était difficile pour le personnel de l’ambassade de rentrer en possession de son salaire à travers les banques cubaines directement. À cause de ces difficultés, Sadiba dit avoir écrit officiellement au ministre des affaires étrangères.

En guise de solution à ces difficultés, les autorités ont privilégié l’option de rapatrier les fonds à Madrid, en Espagne pour faciliter leur réception à la Havane. Sadiba a informé que son adjoint a même fait deux voyages à Madrid dans des conditions difficiles sans trouver une solution viable. Les banques espagnoles avaient déjà dit qu’elles ne vont plus permettre les transactions sous prétexte que leur pays fait partie de ceux qui ont imposé des embargos économiques sur Cuba, a révélé le prévenu.

C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, le personnel de l’ambassade qui avait déjà fait trois mois sans être payé, lui a suggéré de venir à Conakry pour trouver une solution définitive au problème.

L’ex-chef d’Etat-major général des armées a affirmé que c’est dans ces circonstances qu’il a écrit une lettre au ministre des affaires étrangères et des guinéens établis à l’étranger pour l’informer de son arrivée à Conakry. Sans avoir une autorisation expresse, a-t-il avoué, Sadiba Koulibaly dit avoir débarqué à Conakry dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 mai 2024 en passant par Miami et Paris. À cause de la visite du chef de l’Etat sénégalais, c’est seulement deux jours après, soit le samedi, qu’il a appelé le ministre des affaires étrangères pour lui dire qu’il souhaiterait le rencontrer. Le lundi 27 mai 2024, à 8h 30, il dit être reçu dans les locaux du ministère des étrangères. Selon Sadiba, il a alors expliqué au ministre Morissanda Kouyaté l’objectif de son arrivée à Conakry. Celui-ci aurait même confirmé avoir reçu toutes les lettres qui lui avaient été adressées.

Le prévenu a reconnu que le même jour, son ministre lui a demandé s’il s’est vu avec le patron. Il a répondu par la négative, en ajoutant qu’il devait le rencontrer pour des raisons personnelles. C’est à la suite de ces échanges, selon l’officier, que Morissanda a dépêché le DAF du département au trésor public et à la banque centrale au centre-ville de Kaloum en vue de trouver une solution au problème qu’il a posé. Le DAF est arrivé à la conclusion qu’il faut créer un compte pour l’ambassade à la banque centrale en présence de Sadiba lui-même et celle du financier de l’ambassade. Le prévenu a révélé que ce financier de l’ambassade est rentré à Conakry de la Havane le 3 juin 2024 à la demande du ministre des affaires étrangères lui-même pour cette cause. Dès le 4 juin déjà, ce financier était à l’œuvre avec le DAF du ministère des affaires étrangères.

Pour Sadiba Koulibaly, Morissanda Kouyaté devrait normalement mettre ce temps à profit pour rendre compte à qui de droit. Ce qui n’a pas été fait, a-t-il regretté.

Dans la même journée du 27 mai 2024, Sadiba Koulibaly dit s’être rendu au camp Almamy Samory Touré pour rencontrer le chef d’Etat-major général des armées qu’il considère comme sa hiérarchie. Mais tout cela n’a pas suffit pour lui éviter des ennuis avec les autorités.

« Dans la soirée du mardi 4 juin, le ministre m’appelle. Il me demande où je suis ? Je lui r<span;>éponds que je suis à la maison. Il a ensuite cherché à savoir qui m’a donné l’autorisation de rentrer au pays et pourquoi je suis là. Le temps pour moi de répondre à sa question, il a passé le téléphone au président. Le président m’a demandé en disant : mon général qui vous a dit de venir ? Aviez-vous écrit avant de venir ? Je lui ai répondu que je souhaiterais le rencontrer pour lui en parler et puis je lui ai dit que je ne crois pas avoir commis un crime qui m’empêcherait de venir en Guinée. C’est ainsi que le président a arrêté de parler<span;> », a rapporté Sadiba Koulibaly.

Le prévenu a fait savoir au tribunal que pendant qu’il communiquait avec le président, le ministre des affaires était en train de tenir des propos pour enflammer la situation en sourdine en le traitant de traître et de déloyale. Il était 16 heures, a-t-il précisé. Aux environs de 19h, un détachement militaire des éléments des forces spéciales et de la gendarmerie est arrivé chez lui à Kountia sur fond de tirs et occasionnant des dégâts matériels importants, a rappelé le général Sadiba Koulibaly.

Lui qui était de l’autre côté de la maison, révèle-t-il, a pu se mettre à l’abri pour se rendre lui-même à la présidence. Selon lui, il a été reçu par un commandant dans son bureau. Il a été remis ensuite au haut commandant de la gendarmerie qui l’a envoyé à la direction centrale des investigations. Aux côtés du général Sadiba Coulibaly, six autres jeunes militaires qui étaient en poste chez lui, sont poursuivis pour détention illégale d’armes.

Au total, sept PMAK ont été saisies chez l’ex-chef d’Etat-major général des armées. Dans la phase des questions-réponses, il a été reproché à l’officier d’avoir disposé de 12 gardes alors qu’il n’a droit qu’à trois en application de l’article 9 du statut des généraux.

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