Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, attendu ce 27 novembre à Tunis dans le cadre d’une tournée dans plusieurs pays arabes, sera reçu par le président de la République. Une visite contre laquelle s’insurge la société civile locale.

Le ton est ferme et les positions très claires. De nombreux représentants de la société civile tunisienne s’opposent à la venue du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, au cœur d’une tourmente après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien en Turquie. Riyad soutient financièrement plusieurs pays du Maghreb, mais son prince héritier n’est pas pour autant bienvenu dans ces pays.

Pour Messaoud Romdhani, le président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le refus de cette visite se base sur trois raisons majeures : « La première, c’est la mort de Khashoggi, un crime ignoble. Deuxième chose, c’est la guerre yéménite où il y a des dizaines de milliers de civils, morts et blessés. Et troisième chose, la situation des droits de l’homme dans ce pays. »

Une centaine de manifestants a battu le pavé de l’avenue Habib-Bourguiba ce lundi soir contre la venue du « bourreau de femmes » comme ils appellent le prince héritier. Les conditions des droits de l’homme en Arabie saoudite ont incité un collectif de 50 avocats à saisir la justice contre sa visite.

« Profaner la terre de la révolution »

Sur un immeuble de la ville, une immense affiche sur laquelle apparaît la silhouette du prince, tronçonneuse à la main, et ces mots : « Ne viens pas profaner la terre tunisienne de la révolution » habille la façade des locaux du syndicat des journalistes.

« Le régime saoudien est un régime dictatorial. On est contre cette visite », estime Mohamed Mâali, du Centre pour la liberté de la presse.

L’escale tunisienne du prince ben Salman s’accompagnerait d’un dépôt à la Banque centrale de deux milliards de dollars et de la fourniture de pétrole à des tarifs préférentiels.

Jamel M’Sallem, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), sera très attentif : « Nous sommes vigilants pour refuser toute forme d’ingérence dans la gestion de notre phase de transition démocratique. » Cette visite est la première d’un membre de la famille royale saoudienne depuis la révolution de 2011.

Si c’est en Tunisie que la protestation bat tous les records et où les syndicats et les associations sont les plus hostiles à la visite, en Algérie et en Mauritanie, au-delà des réseaux sociaux, d’autres voix protestataires, plus politiques, se font entendre également.

Enfin, si le Maroc, allié traditionnel et historique de Riyad figurait au programme de cette tournée, il n’y est plus, désormais. Un signe supplémentaire des tensions silencieuses entre les deux royaumes.

RFI