La justice ivoirienne a émis lundi un « mandat d’arrêt international » contre Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle 2020, pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national ».

Le procureur de la République de Côte d’Ivoire a annoncé, lundi 23 décembre, qu’un « mandat d’arrêt international » avait été émis par la justice ivoirienne contre Guillaume Soro. L’ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020 est soupçonné de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national ».

Des « éléments en possession des services de renseignement » établissent « clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment », a ajouté le procureur Richard Adou sur la télévision publique ivoirienne.

L’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne est également visé par une information judiciaire pour « détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliard de francs CFA » (environ 2,25 millions d’euros), a déclaré le procureur.

Six mois d’absence

À dix mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020, Guillaume Soro était vu comme un challenger sérieux et son retour au pays prévu, après six mois d’absence, était impatiemment attendu par ses partisans pour lancer sa campagne électorale.

Après plusieurs heures de confusion sur son arrivée lundi, son bras droit Alain Lobognon a finalement annoncé que son avion avait atterri à Accra, au Ghana, lors d’une conférence de presse improvisée qui a été suivie d’une intervention musclée des forces de l’ordre. Selon son parti, Guillaume Soro a été « empêché » d’atterrir à Abidjan. Selon une source proche de la présidence ivoirienne, il a choisi lui-même de se dérouter sur Accra, pour éviter une « arrestation à l’arrivée » à Abidjan.

Dès la matinée, les forces de l’ordre avaient été déployées en grand nombre avec du matériel antiémeute pour empêcher les partisans de Guillaume Soro et les médias d’accéder au terminal de l’aéroport où son jet privé devait atterrir, selon une note de la préfecture de police d’Abidjan transmise à l’AFP.

Le siège du parti GPS, situé dans une villa de la commune chic de Cocody, à côté de l’ambassade américaine, a été cerné par les forces des policiers et les gendarmes, qui ont tiré des gaz lacrymogènes sur les militants. Ceux-ci s’étant repliés à l’intérieur de la résidence, des hommes armés, cagoulés, certains en civil, d’autres en treillis, vraisemblablement des forces spéciales, ont forcé les portes du bâtiment et, secondés par des policiers et des gendarmes, ont contraint tous les occupants à en sortir, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des forces de l’ordre ont saisi les appareils de plusieurs photographes ainsi que des téléphones portables de journalistes. Ils ont par la suite chassé tous les journalistes et les militants du GPS de la zone.

Quinze partisans arrêtés

« Quinze » de ses partisans « ont été arrêtés » lundi par les forces de l’ordre, dont le député Alain Lobognon, le bras droit de Guillaume Soro, « mais pour des dossiers complètement différents », a précisé le procureur.

L’ancien Premier ministre âgé de 47 ans a dirigé les Forces nouvelles qui ont tenté en vain de renverser le président Laurent Gbagbo en 2002, avant de porter Alassane Ouattara au pouvoir lors de la brève guerre civile qui a suivi l’élection contestée de 2010.

Il s’est depuis brouillé avec le chef de l’État, qui devrait soutenir son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour la présidentielle de 2020. Alassane Ouattara a toutefois promis le mois dernier de briguer un troisième mandat si ses prédécesseurs Laurent Gbabgo et Henri Konan Bédié se présentent.

Avec AFP et Reuters