La tradition chrétienne situe à Bethléem la naissance de Jésus célébrée en cette période de Noël. Une fête célébrée également par de nombreux musulmans dans cette ville de Cisjordanie, parfois avec des pèlerins chrétiens.

Comme chaque année, à Bethléem, la messe de minuit a rassemblé des dirigeants palestiniens, des diplomates et des journalistes de nombreux pays. Au cours de cette cérémonie, le patriarche latin de Jérusalem a lancé un appel à la tolérance.

Il a également livré sa vision des affaires du monde et plus spécifiquement des troubles de la région. Dans son homélie, Mgr Pizzabella a appelé le monde à adopter ce qu’il appelle « le style de Bethléem » c’est-à-dire « sentir comme sien […] le destin de tout homme ». Ce style manque en Terre Sainte, a-t-il jugé.

L’archevêque a notamment dénoncé la résignation et l’acceptation face aux « séparations et divisions de notre population causées par la politique ». Le patriarche a spécifiquement adressé ses pensées aux chrétiens de la bande de Gaza auxquels Israël a, cette année, accordé très peu de permis pour venir célébrer Noël à Bethléem.

Mais « la violence et le harcèlement semblent parlées par tous », a jugé Mgr Pizzaballa. Et d’enjoindre chacun à accepter « l’existence de l’autre, différent de nous, qu’il soit juif, musulman ou chrétien ».

Chrétiens et musulmans fêtent Noël

Beaucoup de musulmans de Bethléem fêtent aussi Noël. Parfois même avec des pèlerins chrétiens, ensemble. Pendant plusieurs heures, les fanfares de scouts ont défilé de l’entrée de la vieille ville à la basilique de la Nativité. Le trajet n’est pas très long mais la foule est compacte.

« Ma famille a toujours voulu que quelqu’un vienne à Bethléem à Noël. Mes parents sont décédés, mais ils étaient très pratiquants. Et j’ai eu la chance de venir. Je marche dans ces rues, je remonte l’histoire. Je marche dans un lieu tellement magique », raconte Liam venu d’Irlande pour fêter Noël à Bethléem.

Pour Liam, être là en ce jour est « un rêve devenu réalité ». Ce sexagénaire et sa femme Margareth sont accompagnés d’amies palestiniennes chez qui ils logent, deux jeunes musulmanes. « Ici, on a une expression en arabe, confie l’une d’elles, Shaza. On dit « À Ramadan, nous sommes tous musulmans. À Noël, nous sommes tous chrétiens. Nous sommes tous unis en tant que Palestiniens. »

Le muezzin appelle les fidèles musulmans à la prière alors que les fanfares avancent. Aux yeux de Margareth, le mélange est harmonieux. « Aujourd’hui, toutes les communautés s’unissent, s’émeut-elle. Chrétiens, musulmans, tout le monde ensemble. C’est une atmosphère très familiale. Et c’est si différent de l’Irlande, car là-bas, c’est devenu très commercial. Il s’agit d’acheter des cadeaux. »

Pour le réveillon, Shaza et sa sœur ont préparé un repas traditionnel palestinien. Et pour que la fête soit parfaite pour leurs invités, elles ont également, pour la première fois, dressé un sapin de Noël chez elles.

En cette nuit, dans la beauté de l’amour de Dieu, nous redécouvrons aussi notre propre beauté parce que nous sommes aimés de Dieu. Dans le bien et dans le mal, dans la santé et dans la maladie, heureux ou tristes, à ses yeux nous apparaissons beaux : non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes.
Par RFI