Cyril Ramaphosa est le nouveau président de l’Afrique du Sud. Elu jeudi 15 février en début d’après midi par le Parlement, après la démission forcée de Jacob Zuma la veille au soir, Cyril Ramaphosa, est âgé de 65 ans. C’est une figure historique de l’ANC dont il a pris la tête récemment, il y a tout juste deux mois. Quel est son parcours ?
Militant anti-apartheid dès les années 70, alors que l’ANC était encore un mouvement clandestin, Cyril Ramaphosa, enfant du quartier de Chiawelo à Soweto, participe aussi à la création de la plus grande confédération syndicale du pays la Cosatu.
Résultat, au début des années 90, il fait partie de ceux qui négocient la transition politique avec le pouvoir blanc, une période cruciale de l’histoire sud-africaine. Légitimité historique donc…
Mandela a écrit de lui qu’il faisait partie «des plus doués de la nouvelle génération». Un temps considéré comme dauphin de Nelson Mandela, il perdra finalement face à Thabo Mbeki en 1999. Déçu, Cyril Ramaphosa quitte alors le parti pour se lancer dans les affaires. Il fait fortune avant de revenir en 2012 à la politique.
Et il reprend son ascension : vice-président du parti en 2012, vice- président du pays en 2015 et président de l’ANC en décembre 2017 battant sur le fil Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-épouse de Jacob Zuma et ancienne patronne de la Commission de l’Union africaine.
Ces derniers mois il s’est présenté comme un réformateur et fait campagne sur la morale dans un parti miné par les divisions et la corruption. Utilisant aussi son passé de «héros» de la lutte anti-apartheid pour séduire les classes moyennes et les investisseurs.
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Mais certains lui reprochent d’avoir été trop longtemps complices de Jacob Zuma et de n’avoir condamné la corruption que tardivement. Autre point noir, son rôle dans le massacre de Marikana en 2012. Lors d’une grève dans une mine, il demande à la police de rétablir l’ordre. La police tire, faisant 34 morts.
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Cyril Ramaphosa livrera ce vendredi soir, son discours sur l’état de la Nation. Un moment fort de la vie politique sud-africaine, qui devrait donner des indications sur les orientations politiques du nouveau chef de l’État.
Le discours sur l’état de la Nation est un moment fort de la vie politique sud-africaine puisque cette allocution permet de définir les grands axes politiques du chef de l’État pour les mois à venir. Cette année, cette adresse aura donc une portée particulièrement symbolique.
À l’origine, ce discours était programmé au 7 février mais il a été annulé à la dernière minute, pour laisser place aux négociations entourant le départ anticipé de Jacob Zuma.
Ces dernières années, le discours sur l’état de la Nation était devenue un moment de confrontation entre l’ex-président Jacob Zuma et l’opposition. Les membres du parti EFF de Julius Malema en sont même venus physiquement en mains avec la sécurité déployée en force lors de cet événement. L’année dernière, l’opposition avait même dénoncé «la militarisation» croissante du discours sur l’état de la Nation.
Avec le départ de l’ancien président controversé, l’adresse à la Nation devrait se dérouler plus calmement et permettre surtout d’en savoir plus sur les objectifs du nouveau président sud-africain.