FILE PHOTO: Vials with a sticker reading, "COVID-19 / Coronavirus vaccine / Injection only" and a medical syringe are seen in front of a displayed Moderna logo in this illustration taken October 31, 2020. REUTERS/Dado Ruvic/Illustration/File Photo

La société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé lundi dans un communiqué que son vaccin contre le Covid-19 était efficace à 94,5 %. La semaine dernière, le laboratoire pharmaceutique Pfizer avait annoncé un premier vaccin efficace à 90 %.

Un nouveau concurrent avec des résultats préliminaires prometteurs : après le vaccin dePfizer et BioNTechet le vaccin russe Spoutnik V, la société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé lundi 16 novembre avoir mis au point un vaccin efficace à 94,5 %. Elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici fin décembre.

Si les vaccins de Pfizer et de Moderna sont autorisés aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump prévoit d’avoir assez de doses d’ici avril pour toute la population. En Europe, si un premier vaccin parmi les différents candidats est approuvé, des responsables tablent sur un début de distribution en janvier, avec des effets sur la pandémie d’ici l’été prochain.

Un essai clinique sur 30 000 personnes

Le résultat de Moderna signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5 % entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux États-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas. En l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre 5 seulement dans le groupe vacciné. On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera.

Mais si ce niveau d’efficacité était le même dans la population générale, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97 % en deux doses, et bien meilleur que celui contre la grippe (19 à 60 %), selon les Centres américains de lutte contre les maladies.

Le vaccin de Pfizeraurait une efficacité de 90 %, et levaccin russe Spoutnik V de 92 %, selon des premiers résultats communiqués la semaine dernière.

“C’est un moment charnière dans le développement de notre candidat-vaccin contre le Covid-19”, a déclaré le patron de Moderna, Stéphane Bancel, se réjouissant des “premières indications cliniques que notre vaccin peut prévenir la maladie du Covid-19, y compris la forme grave”.

Aucun malade grave du Covid-19 n’a été enregistré parmi les personnes vaccinées, contre 11 dans le groupe placebo.

Pas de publication détaillée des résultats

Les experts ont largement salué la nouvelle, malgré l’absence de publication détaillée des résultats.

“L’idée d’avoir un vaccin efficace à 94,5 % est incroyablement impressionnante”, a déclaré à l’AFP l’immunologue Anthony Fauci, figure très respectée aux États-Unis. “C’est un résultat vraiment saisissant, je pense que personne ne s’attendait à ce qu’il soit si bon”, a ajouté le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses.

“La lumière au bout du tunnel est de plus en plus vive”, a réagi le médecin, professeur à Harvard et auteur Atul Gawande, qui a rejoint l’équipe conseillant le président élu des États-Unis, Joe Biden, sur la pandémie. “Nous aurons peut-être au printemps et à l’été de multiples vaccins très efficaces largement distribués.”

Environ 9 à 10 % des personnes vaccinées ont éprouvé de la fatigue et des courbatures après la seconde dose, et dans une moindre proportion d’autres effets secondaires dont maux de tête et rougeur autour du point d’injection.

Moderna demandera une autorisation de mise sur le marché “dans les prochaines semaines” aux États-Unis, où la production a déjà commencé. Elle devrait être lancée d’ici la fin de l’année en Suisse dans les usines du groupe Lonza.

Si le vaccin était approuvé, la rapidité de développement serait une prouesse scientifique, moins d’un an après la sortie du virus de Chine. Il avait fallu neuf ans dans les années 1950 pour développer et autoriser le vaccin contre la rougeole. La durée moyenne de développement des 21 vaccins approuvés depuis dix ans par la FDA a été de huit ans.

Une technologie récente

Le vaccin se fait en deux injections séparées de quatre semaines. Il doit être transporté à -20 °C (contre -70 °C pour celui de Pfizer), mais pourra ensuite être stocké décongelé dans un réfrigérateur (entre 2 et 8 °C) pendant 30 jours. Il a été codéveloppé avec les scientifiques de l’Institut national des maladies infectieuses.

Il est fondé sur une technologie récente (Moderna n’a été créée qu’en 2010), qui n’avait encore jamais fait ses preuves : l’ARN messager. Des instructions génétiques pénètrent directement les cellules humaines, qu’elles reprogramment pour qu’elles fabriquent elles-mêmes un antigène du nouveau coronavirus… afin de déclencher une réponse du système immunitaire.

Pour Moderna, qui a reçu 2,5 milliards de dollars d’argent public américain et promis 100 millions de doses au gouvernement des États-Unis dont 15 millions avant fin décembre, ces résultats sont la consécration de dix années de développement qui n’avaient, jusqu’à présent, jamais dépassé les phases initiales d’essais cliniques.

Moderna a aussi signé des contrats avec le Canada, la Suisse, le Japon, Israël et le Qatar et est en négociation avec l’Union européenne, le Royaume-Uni et le programme international Covax.

Elle prévoit de produire 20 millions de doses cette année, et entre 500 millions et un milliard en 2021, grâce à des sites de production et des partenaires industriels aux États-Unis, en Suisse et en Espagne.

Avec l’AFP