L’équipe de France s’est qualifiée pour les demi-finales de l’Euro féminin en battant 1-0 après prolongation les Pays-Bas, tenants du titre, samedi à Rotherham, et affrontera l’Allemagne mercredi à Milton Keynes.

  Enfin, une demie ! Les Bleues, poussées en prolongation, ont avalé la pression qui les faisait trembler depuis une décennie en quarts de finale, s’offrant samedi 23 juillet à l’Euro le scalp des sortantes Néerlandaises (1-0 a.p.) au bout du suspense, avec sang froid.

Plus puissantes et plus entreprenantes, les Françaises ont réalisé une performance de reines, au royaume du football, et maintenu intact leur rêve de monter sur le trône, désormais vacant, le 31 juillet à Wembley.

Après avoir écarté les Néerlandaises, championnes d’Europe et vice-championnes du monde en titre, il faudra cependant d’abord croquer un autre gros morceau, mercredi à Milton Keynes : l’Allemagne, plus gros palmarès à l’Euro (huit titres), à la défense jusqu’ici imprenable.

En attendant, les Bleues disposent de quatre jours pour recharger les batteries, largement entamées par le sommet de Rotherham.

Après dix ans d’échecs répétés, la France a enfin brisé le plafond de verre des quarts de finale sur lequel ses ambitions se sont fracassées cinq fois de suite (Euro-2013, Mondial-2015, JO-2016, Euro-2017, Mondial-2019). La vitre de son car fissurée par un projectile, samedi sur la route vers le stade, aura finalement été un heureux présage…

En prolongation, la lumière est venue d’une percée de l’intenable Kadidiatou Diani, fauchée dans la surface. L’arbitre a accordé un penalty après recours à l’assistance vidéo et c’est Eve Perisset, inhabituelle tireuse de penalty, qui a exécuté la sentence (102e).

Une gardienne néerlandaise sur tous les ballons

La présence des Bleues dans le dernier carré était attendue, au regard de ses multiples talents, mais elle a tardé à se dessiner, samedi dans le petit New York stadium (9 800 spectateurs), où le nombre d’occasions manquées a souvent donné le vertige.

Dans un match à sens unique, la jeune gardienne Daphne van Domselaar (22 ans), propulsée sur le devant de la scène après le forfait de Sari van Veenendaal, a longtemps été sauvée par la chance, son propre talent ou la maladresse des Bleues.

Ces dernières ont gâché des munitions sur des têtes de Wendie Renard, sans force ou sans précision, ou encore sur des tentatives de Sandie Toletti (23e) et Melvine Malard (26e), incapables de cadrer leurs tirs.

La déveine s’est aussi abattue sur Delphine Cascarino, avec une lourde frappe lointaine captée (22e) et, surtout, une reprise de l’extérieur de la surface renvoyée par un poteau (27e).

Dans ce soir de malchance, il y a eu deux incroyables sauvetages néerlandais, signés Stefanie van der Gragt. La joueuse de l’Ajax Amsterdam a sauvé les siennes sur la ligne, avec les genoux, en repoussant une frappe de Malard (37e). Puis elle s’est aidée du coude, collé au corps, pour repousser une tentative de Grace Geyoro bien servie par Renard (41e).

Bacha virevoltante

L’entrée  à l’heure de jeu de Selma Bacha, désignée joueuse du match, a produit de multiples étincelles, déclenchant des murmures de plaisir dans les travées, pourtant majoritairement colorées par les maillots orange fluo des Bataves.

La Lyonnaise, sans complexe malgré son jeune âge (21 ans), a fait chauffer les gants de van Domselaar sur des lourdes frappes (65e, 73e). Elle a aussi servi sur corner sa capitaine Renard (66e, 90e+2), mais la gardienne de Twente s’est détendue parfaitement pour éteindre la menace.

Après un premier tour decrescendo, terminé sur un accroc contre l’Islande (1-1), la France a retrouvé des forces face à un adversaire coriace collectivement, à défaut d’être brillant. Il lui manquait jusqu’alors un tel match-référence sur lequel engrangé de la confiance, c’est désormais chose faite.

L’objectif des demi-finales, fixé par le président de la Fédération Noël Le Graët, est atteint et cela devrait libérer d’un poids les Bleues et Corinne Diacre, en fin de contrat. L’avenir de la sélectionneuse s’est éclairci, sous le ciel gris de Rotherham, et la technicienne peut déjà se projeter sur la Coupe du monde 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande.

En attendant, les Allemandes l’attendent mercredi avec la puissance d’une nation conquérante, à la défense de fer et prête à revenir au centre de l’Europe.

Avec AFP