Suite à une mission d’évaluation technique qu’elle a menée à Conakry du 9 au 15 mars 2022, l’Institut National Démocratique (NDI) a animé ce mardi 15 mars une conférence de presse pour publier les conclusions de sa mission.
En sept jours, la délégation avec à sa tête Dr Christopher Fomunyoh, Directeur régional Afique au NDI, a rencontré nombreux acteurs de la vie politique de la Guinée ainsi que les autorités de la transition pour échanger avec ces différentes parties prenantes et s’imprégner des défis, opportunités de collaboration avec tous pour une transition inclusive et apaisée.
À l’entame de la conférence, la délégation, par la voix de Kevin Koffi Adomayakpor, Directeur Résident au NDI – Burkina a  exprimé ses remerciements aux différents acteurs rencontrés dont entre autres le Président de la République le volonel Mamadi Doumbouya, le Premier ministre Mohamed Béavogui, les membres du CNT, les autorités de la transition, les coalitions de partis politiques, les représentants de la société civile, les associations de médias, les autorités traditionnelles des quatres régions naturelles et les représentants des partenaires au développement, tous pour avoir partagé leurs points de vue
« La visite de la délégation a coincidé avec un certain nombre d’actions entreprises par les acteurs guinéens qui visent à renforcer la crédibilité de la transition. Il s’agit notamment d’une déclaration signée par 58 partis politiques et associations exigeant une plus grande transparence et plus d’ inclusion dans le processus de transition; une mission d’écoute et de sensibilisation nationale par le CNT dans toutes les régions du pays sur la réforme constitutionnelle; et l’annonce par le gouvernement de transition de son intention d’organiser des assises nationales dont le lancement est prévu pour le 22 mars 2022, pour solliciter lacontribution des citoyens sur différents aspects de la transition », a-t-il déclaré.
Comme observations, la délégation dit avoir noté de la part des guinéens une grande attente pour un retour à l’ordre constitutionnel et à un régime démocratique dans des délais raisonnables, après des réformes inclusives de la constitution et du cadre électoral, et à travers des élections crédibles et transparentes« En dépit de ces notes d’optimisme, la délégation a identifié des risques potentiels à même de raviver les tensions politiques, voire la violence, s’ils ne sont pas traités rapidement. Ceux-ci comprennent :Un manque de clarté sur le chronogramme de la transition et l’ordre des priorités pourla période de transition. De nombreux Guinéens se sont plaints des actions récentes des autorités de transition qui contredisent certaines de leurs déclarations antérieures, faites dans les moments qui ont suivi la prise de pouvoir ; Si les membres d’autres organes de la transition sont connus, notamment les membres du gouvernement et du CNT, la composition nominative des membres de l’organe décisionnel central de la transition, le Comité national du rassemblement pour ledéveloppement (CNRD), reste inconnue. De nombreux Guinéens estiment qu’il n’estpas raisonnable de s’attendre à ce que les populations fassent confiance à desdécisions prises par un organe dont la composition nominative reste inconnue. Unetelle opacité génère une méfiance croissante et un manque potentiel de responsabilitéet de redevabilité qui pourraient affaiblir la confiance nationale et internationale dansle processus de transition », a-t-il denoté, non sans spécifier le faible niveau de représentation et d’inclusion des femmes au sein des institutions de transition.
Pour une transition pacifique, transparente et inclusive, le NDI a formulé les recommandations suivantes :

« Aux autorités de transition guinéennes : Tirer profit de cette occasion historique pour donner l’exemple en réalisant des reformes constitutionnelles et électorales inclusives et en organisant des élections démocratiques à temps et de manière transparente ; Publier un chronogramme de la transition pour clarifier et cibler les actions des entités gouvernementales, des partis politiques, de la société civile et des autres parties prenantes afin de renforcer la confiance et la participation des citoyens et de garantir ainsi le succès de la transition ; Protéger et garantir les droits et libertés des citoyens, y compris la liberté d’expression et le pluralisme des opinions ; Initier et maintenir un processus de consultation permanente, flexible et inclusif entre les principales parties prenantes afin de promouvoir de meilleures, et plus solides, lignes de communication avec les acteurs politiques et civiques, sans faire duplication des institutions de la transition et/ou de leurs compétences ; Prendre des mesures délibérées pour inclure les femmes dans les institutions de transition et élaborer des politiques sensibles au genre, y compris pour ce qui est des réformes constitutionnelles et électorales ; Donner la priorité aux réformes qui démontreront l’engagement public de l’armée à ramener le pays à un régime civil et démocratique, et développer un consensusnational autour de questions importantes qui seront mieux prises en charge à long terme par un gouvernement et une législature élus ; Publier la liste nominative des membres du CNRD dans un souci de transparence etdu renforcement de la confiance entre Guinéens.
Aux partis politiques : S’engager de manière proactive dans la transition et mener une évaluation critique des rôles et des responsabilités des partis politiques dans la construction et la sauvegarde de la démocratie, et éduquer les militants et sympathisants des partis sur leurs droits et responsabilités ; Utiliser la période de transition pour renforcer la démocratie interne au sein des partis, notamment en donnant la priorité à l’inclusion des femmes et des jeunes et en leur offrant des opportunités de leadership ; Engager les autorités dans des discussions sur les réformes du cadre juridique despartis politiques guinéens et des élections afin de mettre en valeur la diversité ethnique du pays et de professionnaliser les partis politiques afin de diminuer le poids des replis identitaires en politique.
A la société civile:Intensifier les eforts d’éducation civique et d’engagement citoyen afin d’élever leniveau de participation citoyenne dans les différentes plateformes consultativespendant la transition ; Continuer à observer et à suivre les performances des divers acteurs pendant la transition, y compris les entités gouvernementales civiles et militaires ainsi que les partis politiques et les médias ; Participer et fournir une expertise sur les réformes et les politiques publiques tellesque l’élaboration d’une nouvelle constitution et la création d’institutions démocratiques fortes et indépendantes visant à établir des processus électoraux transparents et inclusifs ; Mettre en cæuvre des programmes innovants tels que des sondages d’opinion publique qui collectent, analysent et reflètent les voix des citoyens et des initiatives pour lutter contre la désinformation, les fausses nouvelles et les discours à caractère haineux.
Aux médias : Contribuer à la sensibilisation, à l’éducation civique et électorale et à l’engagementcitoyen pendant la transition ; Éviter d’exacerber la polarisation et la désinformation politique et/ou ethnique etpromouvoir le développement et le respect des normes et standards d’éthiqueprofessionnelle ; Rechercher des points d’entrée pour contribuer à l’élaboration, à la mise à jour et à la promotion de la législation protégeant la liberté d’expression et des médias et le droit à l’information.
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