Au Brésil, les syndicats ont appelé à une grève générale ce vendredi 14 juin contre le président Jair Bolsonaro et son projet de réforme des retraites. Les transports publics dans les grandes villes sont perturbés. Des rassemblements sont organisés un peu partout dans le pays.

Il faut s’attendre à de fortes perturbations. Presque tous les syndicats se sont joints à l’appel à la grève. Les chauffeurs routiers devraient cesser leur travail, tout comme les enseignants des écoles publiques et privées. Au cœur de leur préoccupation : la réforme des retraites de Jair Bolsonaro, le président, dont la popularité est en chute libre. C’est aussi une démonstration de force face à un gouvernement considéré comme peu soucieux des droits des travailleurs.

La réforme, au centre de la campagne électorale du président élu en octobre dernier, vise à réduire le déficit public. Concoctée par le ministre de l’Économie de tendance néolibérale Paulo Guedes, elle est très attendue par les investisseurs et le secteur économique. Elle prévoit notamment la mise en place d’un âge minimum de départ à la retraite : 65 ans pour les hommes, 62 pour les femmes, alors que les Brésiliens sont aujourd’hui nombreux à prendre leur retraite bien plus tôt tout en continuant à travailler. A terme, le gouvernement souhaite passer d’un système classique, par répartition, à un modèle privé, à travers des fonds de pension.

Des propositions rejetées par la majorité au Congrès

Faute de majorité propre au Congrès, Jair Bolsonaro doit composer avec une vingtaine de groupes parlementaires. Mais il refuse les négociations, préférant mobiliser la rue plutôt que de trouver des solutions par le dialogue. Résultat : ses projets sont au mieux modifiés, au pire tout simplement enterrés. C’est ce qu’il s’est passé avec la réforme sur le port d’armes pour laquelle il s’est heurté au refus des parlementaires. Il en est de même pour les retraites. Le rapporteur du projet de loi, un centriste, a considérablement retouché le texte. Il n’y est plus question de passer à un système privé. Les droits à la retraite des plus pauvres restent inchangés. Et les femmes doivent cotiser au minimum 15 ans, et non pas 20 ans comme prévu dans le projet initial.

C’est un président fragilisé qui est visé par la grève de ce vendredi. Jair Bolsonaro a déjà été confronté à deux mobilisations sociales le mois dernier. Le 15 et le 30 mai 2019, des centaines de milliers de Brésiliens sont descendus dans les rues pour protester contre les coupes budgétaires dans l’éducation.

Signe des tensions qui règnent au sein du gouvernement entre partisans d’une ligne dure et modérés, Jair Bolsonaro congédie à la chaîne. Il vient de limoger un ministre, le troisième depuis la prise de fonction. Le magazine Istoé parle d’un président « de plus en plus isolé ». Certains observateurs se demandent déjà s’il va pouvoir aller jusqu’à la fin de son mandat.