Les bureaux de vote ont ouvert tôt dimanche matin au Bénin. Les électeurs doivent choisir leur président entre le sortant Patrice Talon et deux candidats quasi-inconnus du public. Les principales figures de l’opposition ont appelé au boycott de l’élection, alors que les violences s’étaient multipliées dans le pays à l’approche du scrutin.

Après une campagne sans ferveur, 5 millions d’électeurs sont attendus au Bénin, dimanche 11 avril, pour élire leur président, dans un scrutin verrouillé, où le président Patrice Talon sera « seul face à lui-même », selon l’opposition.

Le président Talon, en lice pour un second mandat, fait face à deux candidats quasiment inconnus du public, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué.

Les 15 531 bureaux de vote ont ouvert dimanche à 7 h et fermeront à 16 h. Le dépouillement des bulletins commencera aussitôt après, mais le taux de participation devrait être faible, les plus grandes figures de l’opposition locale ayant appelé au boycott. Les résultats doivent être annoncés lundi ou mardi.

« Je ne voterai pas », a déclaré Joel Aïvo, dans un message publié samedi soir sur les réseaux sociaux. « J’invite tous les Béninois (…) à faire de même. »

« Le président a choisi d’être seul face à lui même dans cette élection inédite depuis le renouveau démocratique », ont écrit de leur côté plusieurs représentants du FRD (Front pour la restauration de la démocratie).

La plupart des opposants béninois sont soit en exil à l’étranger, soit condamnés par la justice, soit empêchés de se présenter du fait du nouveau Code électoral et d’une réforme institutionnelle.

Barrages dans le nord

Les rues de Cotonou, la capitale économique étaient calmes dimanche matin lorsque quelques premiers électeurs se sont rendus aux urnes.

« J’ai accompli mon devoir citoyen ce matin », raconte à l’AFP Abib Mohammed, agent de la mairie, montrant son pouce taché de bleu.

« Je pense que l’élection va bien se passer aujourd’hui malgré le petit soulèvement qu’il y a eu dans le nord », assure-t-il depuis le bureau de vote de l’école primaire Zongo, où le chef de l’État est attendu à 9 h.

Depuis mardi, les habitants de plusieurs villes du centre et du nord du pays, fiefs de l’opposition, ont bloqué des centaines de voitures et transporteurs en érigeant des barrages.

Jeudi l’armée a démantelé les barrages et libéré la voie, en faisant usage de tirs à balles réelles. Au moins deux civils sont morts et cinq autres ont été blessés lors de cette intervention.

« J’ai voté pour le président à cause des routes et de l’électricité »

Selon la Commission électorale nationale autonome (Cena) les barrages ont entraîné un retard dans le déploiement du matériel électoral dans le Nord. Mais « il n’y a pas de raison pour que cette élection n’ait pas lieu », a-t-il assuré.

La campagne électorale a été marquée par des violences, notamment dans le centre-nord du pays, fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, où des manifestants avaient dressé d’importants barrages routiers pour protester contre l’absence d’une opposition reconnue.

« Moi j’ai voté pour le président à cause des routes et de l’électricité », explique Gerald Kpamegan, 47 ans, mais cet hôtelier ne pense pas que « beaucoup de gens iront voter ».

Au Bénin, encore 38 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le chômage des jeunes atteint des sommets. Pour son prochain quinquennat, le président Talon le promet, « le développement ça y est », comme il l’a martelé tout au long de sa campagne, et lors de son dernier meeting vendredi dans le Sud.

Devant une foule de partisans, il a promis une « victoire KO » dès le premier tour.

Avec AFP