Au Tchad, pour cette présidentielle, sept candidats sont en lice dont le président Idriss Déby – au pouvoir depuis plus de 30 ans – qui brigue un sixième mandat. Une partie de l’opposition s’est retirée de la course et a appelé au boycott pour dénoncer les violences contre les opposants. Un des enjeux de cette journée va donc être la participation.

À l’école officielle d’Abena, dans le VIIe arrondissement de la capitale, où un centre de vote avec trois bureaux a été installé, il n’y a pas foule aux premières heures du vote; il n’y a pas d’affluence du tout, seuls quelques bulletins de vote ont déjà été introduits dans les urnes. Grosse présence, par contre, policière et militaire dans cet arrondissement, où, ce dimanche matin, un groupe de jeunes qui manifestement s’apprêtaient à perturber le scrutin, a été dispersé à coups de grenades lacrymogènes. Dans les rues de la capitale, le scrutin suscite peu d’enthousiasme : « Je ne vais pas voter », annonce ainsi un commerçant du marché central pour qui « il n’y a pas d’opposition réelle » dans ce scrutin.

Oui, j’ai déjà voté. C’est très important pour un citoyen. Il faut penser à la paix. […] Je n’irai pas voter parce que nous croyons que l’élection est jouée d’avance. Nous les jeunes, nous sommes fatigués. On n’a pas d’emploi. Cela fait trente ans.

Réactions d’électeurs. Sont-ils allés voter ou non ?

Trois candidats de l’opposition se sont en effet retirés de la course le mois dernier  – dont le rival historique du président Déby, Saleh Kebzabo, qui a appelé au boycott. Un appel qui a été rejoint par un autre farouche critique du chef de l’État, Succès Masra. Le leader des Transformateurs a vu sa candidature rejetée, car il est trop jeune pour se présenter. Mais il a su mobiliser une partie de la jeunesse qui tente de manifester tous les samedis contre un sixième mandat du président Déby.

Plusieurs mouvements de la société civile et notamment des organisations des droits de l’homme ont également rejoint l’appel au boycott du scrutin. La participation à surveiller

Face au président Déby, il ne reste donc plus que six candidats. Ce sont d’anciens caciques du régime ou des novices, sans moyens et sans expérience, souligne un analyste politique.

Même si l’issue de ce scrutin fait peu de doute, la participation reste un facteur à surveiller, ajoute ce dernier, car si elle est trop faible, elle soulèvera la question de légitimité du chef de l’État.

Samedi 10 avril, certains électeurs ont encore confié qu’ils hésitaient à se déplacer pour un scrutin qu’ils estiment joué d’avance. Opposition comme majorité, les deux camps jouent gros. « Une abstention record serait désastreuse », nous a glissé un cadre du parti au pouvoir, pointant une possible crise de légitimité au sein du MPS.

Des marches contre un possible sixième mandat du président Idriss Déby Itno sont aussi prévues dans la capitale à l’appel des leaders de l’opposition, qui veulent jouer leur dernière carte et tenter de perturber cette journée électorale.

Avec nos correspondants à NdjamenaAlexandra Brangeon, Aurélie Bazzara-Kibangula, Madjiasra Nako