Après deux reports consécutifs, le premier en 2020, en raison de la crise sanitaire et le second en 2021, sur fond de manifestations en Tunisie contre le durcissement du pouvoir du président Kaïs Saied, le 18e sommet de la Francophonie s’est ouvert ce samedi.

C’est la première fois, depuis 2018, que les chefs de d’États et de gouvernement de la Francophonie se réunissent et cela faisait deux ans que l’Arménie attendait de pouvoir passer le flambeau à la Tunisie. C’est désormais chose faite.
Trois personnalités se sont exprimées ce matin : le président tunisien Kaïs Saïed, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et la secrétaire générale de l’organisation, la Rwandaise Louise Mushikiwabo.
Ils étaient tous soulagés que ce sommet puisse enfin se tenir et, à ce propos, le chef de l’État tunisien n’a pas manqué de faire allusion, sans les citer, à ces pays (comme le Canada) qui s’étaient montrés réticents quant au choix de la Tunisie.

« Comme tout le monde le sait, il était question, à des moments difficiles et pour de multiples raisons, d’organiser ce sommet à distance, voire même, pour certains, de l’annuler pour l’organiser ailleurs. Mais notre volonté inébranlable, avec l’appui de nos amis, a fini par l’emporter. Nous voilà réunis aujourd’hui à Tunis et à Djerba », a déclaré le président tunisien.

« Notre organisation doit continuer à évoluer »

Cette première journée de Sommet aura aussi permis à la secrétaire générale de l’organisation de présenter aux chefs d’État et de gouvernement son rapport d’activité, autrement dit, le bilan de son premier mandat. Ce dernier sera d’ailleurs renouvelé car l’élection à la tête de l’OIF est sans grande surprise, Louise Mushikiwabo étant seule candidate à sa succession.
Et c’est dès la cérémonie d’ouverture que Mme Mushikiwabo a défendu son action. Elle s’est notamment félicitée d’avoir réussi à engager des réformes au sein de l’OIF. Mais, selon elle, beaucoup reste à faire. « Il serait abusif de dire que cette transformation qui vise à faire de l’OIF une organisation d’excellence est totalement aboutie. Nous avons commencé à en récolter les premiers fruits et on en attend beaucoup d’autres », a-t-elle déclaré.
« Notre organisation doit continuer à évoluer, sans remettre en cause sa spécificité, ni son identité. Nous savons qui nous sommes et d’où nous venons. Je considère pour ma part que nous allons vers une francophonie renouvelée où chaque pays a pleinement sa place. Tous les pays, tous les gouvernements de cette organisation comptent à mes yeux », a-t-elle ajouté.

Crises et conflits dans l’espace francophone

Les chefs de d’États et de gouvernement planchent maintenant sur différents textes. Ils doivent notamment adopter une résolution sur les crises et conflits dans l’espace francophone. Parmi les sujets qui préoccupent le plus les États-membres de la Francophonie, il y a la guerre en Ukraine, la crise au Liban ou encore en Haïti, mais aussi la situation sécuritaire au Sahel ainsi que le récent regain de tensions entre la RDC et le Rwanda.

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Dès vendredi, lors de la Conférence ministérielle, la question sur les tensions entre la RDC et le Rwanda était sur la table. Ce sujet revient beaucoup dans ce Sommet de la Francophonie. Selon nos informations, il devrait d’ailleurs faire l’objet d’une rencontre, à huis-clos, en présence de la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo. L’objectif étant, pour la Francophonie, de parvenir à faire émerger une position commune sur un dossier qui reste extrêmement épineux.

Les attentes de la RDC

Le président congolais, Félix Tshisekedi, ne sera pas présent au sommet. Il est représenté par le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde.
Selon le compte rendu du Conseil des ministres de vendredi 18 novembre, en participant à ce sommet, la RDC compte dénoncer, à travers différents échanges bilatéraux et multilatéraux, « l’agression dont elle fait l’objet de la part de son voisin le Rwanda ». À Kinshasa, on attend également une réaction de l’OIF sur cette question, une attente également présente même dans l’opposition. Martin Fayulu tente de mettre la pression : « Si le sommet de l’OIF ne condamne pas l’agression de la RDC par le Rwanda à travers ses supplétifs de M23, cette institution internationale perd sa raison d’être et la RDC n’aura plus aucun intérêt à y rester membre », dit-il.

Mobilisation de la société civile

Des associations de la société civile tunisienne ont voulu profiter de l’événement pour faire entendre leurs voix, rapporte notre correspondante en Tunisie, Amira Souilem. Mais dans Djerba, où la sécurité est maximale durant le sommet, difficile de se faire entendre. Les organisations ont dû faire preuve de ruse pour se faire entendre sur les détentions arbitraires, recul des libertés ou encore les violences policières qu’elles dénoncent.