En France, Mamoudou Gassama, le jeune Malien de 22 ans qui a escaladé un immeuble samedi soir pour sauver un enfant suspendu dans le vide, a été régularisé. Mais en parallèle de la reconnaissance témoignée au héros, une polémique commence aussi à se faire jour. Certaines associations d’aide aux sans-papiers voient dans le cas Gassama une « récupération politique » qui cache la réalité des politiques migratoires.

Mamoudou Gassama avait rendez-vous ce mardi matin à la préfecture de Seine-Saint-Denis. Un titre de séjour lui a été remis conformément à la promesse du président lundi 28 mai. Emmanuel Macron lui avait alors annoncé sa prochaine naturalisation qui devrait intervenir dans les trois mois. Le jeune Malien devait ensuite se rendre à la caserne Champerret, siège de l’état-major de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris où il a signé, dans la foulée un contrat de dix mois pendant lesquels il va effectuer un service civique.

Si les associations de défense des sans-papiers saluent unanimement cette reconnaissance de la France et la naturalisation express de Mamoudou Gassama, beaucoup voient dans la réception du jeune Malien par le chef de l’Etat un moyen de donner le change à une politique gouvernementale jugée beaucoup trop sévère à l’égard des migrants. La sénatrice Esther Benbassa a été l’une des premières à réagir lundi.

« Il y a une grande hypocrisie et un grand cynisme» dans cet empressement, explique à RFI Claire Rodier, membre du GISTI, Groupe d’information et de soutien des immigrés. Elle qualifie de « bonne conscience à bon compte », cette « mise sur un piédestal d’un acte héroïque », alors que le gouvernement se prépare dans le même temps à faire adopter une loi qui va au contraire contribuer à faire renvoyer des dizaines de milliers de migrants de France, selon la militante.

Hasard du calendrier, l’acte héroïque de Mamoudou Gassama intervient avant la présentation ce mercredi en commission des lois du Sénat du projet de loi sur l’Asile et l’Immigration contesté par les associations. Il arrive aussi avant le procès jeudi de trois militants venus en aide à des migrants dans les montagnes à la frontière Italienne.

« La solidarité est appréciée de manière différente par le gouvernement », souligne Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’homme qui rappelle les cas de personnes qui sont passées en jugement pour avoir porté aide et assistance à des personnes en danger : « eux, on les poursuit, les soupçonnant d’être des passeurs, des délinquants de la solidarité ».

Une géométrie variable face aux solidarités qui, selon les associations, dissimulent un durcissement de la politique d’asile de la France. Quelque 300 000 sans-papiers vivent en France selon le gouvernement. Bien davantage selon les associations. L’an dernier, 30 000 ont été régularisés.

RFI