Plus de 150 pays se synchronisent pour nettoyer la planète ce samedi 15 septembre pour le « World CleanUp Day », journée mondiale de ramassage des déchets. Une première pour le mouvement, qui fête ses 10 ans, et a choisi pour l’occasion une même date pour fédérer les actions. Les organisateurs espèrent mobiliser 5% de la population mondiale pour que les intiaives soient efficaces. L’enjeu est surtout de générer une prise de conscience à l’échelle globale sur la prolifération des déchets sauvages.

Si le monde croule sous les déchets, pourquoi ne pas tous se retrousser les manches pour les ramasser ? L’idée est simple, la gageure ambitieuse. Elle se confrontera au réel pour la première fois ce samedi 15 septembre, à l’occasion du « World CleanUp Day », journée mondiale de ramassage des déchets.

Bénévoles, associations, entreprises, collectivités : tous sont appelés à participer à ce qui est déjà présenté comme « le plus grand mouvement citoyen de l’Histoire ». Des initiatives sont prévues dans plus de 150 pays, dans une ambiance qui se veut festive, pour rassembler largement, au-delà des cercles écologistes.

Ce « World CleanUp Day » est né du mouvement « Let’s Do It », lancé en 2008 en Estonie. Il avait rassemblé 4% de la population, permettant de ramasser plus de 10 000 tonnes de déchets. Fort de ce succès, il s’est exporté dans le monde entier. En 2014, 7 pays avaient réuni plus de 5% de leur population sur une même date. Record en Slovénie, avec près de 15% de la population. Alors pour les 10 ans du mouvement, « Let’s Do It » a vu les choses en grand, en passant à une échelle internationale. Partout dans le monde, du Japon au Brésil en passant par le Congo, les plages, forêts, parcs seront passés au peigne fin pour s’attaquer aux décharges sauvages.

Près de deux années de préparation ont été nécessaires pour lancer cette journée. « C’est une première. C’est le plus grand mouvement civique dans le monde, un haut-parleur géant », s’enthousiasme Julien Pilette, président de « World CleanUp Day » en France, où 1 200 événements sont déjà prévus. « Après la Marche pour le climat la semaine dernière, les choses s’accélèrent. Mais ce coup-ci, les gens vont travailler, mettre des gants, car il n’y a plus le temps, il faut agir. » L’objectif visé: rassembler 5% de la population, soit 3,5 millions de Français.

Outre l’espoir de susciter une réelle prise de conscience dans le monde entier, cette action citoyenne de grande ampleur invite à réfléchir sur des gestes au quotidien, a priori anodins. Rien qu’en France, ce sont par exemple 30 milliards de mégots qui sont jetés chaque année. « Un sur deux finit par terre. C’est une catastrophe. Pour chaque mégot jeté, c’est 500 litres d’eau pollués », souligne Julien Pilette.

Remonter à la source du problème

Si l’événement suscite l’intérêt, il laisse aussi place à une interrogation plus large : cette journée ne se résume-t-elle pas à agir seulement sur les conséquences du problème, sans le régler pour autant ? Comme le résume l’association Zero Waste France, dont l’objectif est de tendre vers une société sans déchet: « Et après ? ». Si certains de ses adhérents vont bien participer à cette journée, elle n’a pas souhaité formellement s’associer à la branche française du « World CleanUp Day ».

Bien que saluant « une initiative efficace et utile », Zero Waste France invite « à prendre du recul » pour sortir du statu quo, et éviter le greenwashing, certaines entreprises n’étant plus vertes qu’en apparence. « La condition sine qua non pour résoudre le problème est d’associer ce type d’actions à un message de réduction : c’est sur l’omniprésence des déchets en plastique qu’il faut agir, par des mesures d’interdiction en France et en Europe », explique Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France. « Sur ce sujet, les annonces du gouvernement sont orientées sur le recyclage et la prise en charge. C’est important mais insuffisant », estime-t-elle, soulignant que tous les plastiques ne sont pas recyclables.

En mai dernier, la Commission européenne a proposé une directive pour interdire totalement des objets en plastique comme les assiettes, couverts, pailles ou coton tiges en plastique… Soit une dizaine de catégories de produits à usage unique, qui représentent à eux seuls 70% des déchets échoués dans les océans et sur les plages. En France, les gobelets et assiettes en plastique seront interdits dès le 1er janvier 2020.

source RFI.fr