L’opposant ivoirien Charles Blé Goudé affirme sur France 24 son intention d’être candidat à l’élection présidentielle ivoirienne prévue en 2025. « Je n’ai jamais caché mon ambition de diriger la Côte d’Ivoire », ajoute-t-il. Abordant les relations entre la France et son pays, il juge que la base militaire française de Port-Bouët, près d’Abidjan, « n’a plus sa raison d’être ». « Même chose » pour le franc CFA : « Nous constatons (qu’il) fait l’objet de conflits et de pressions et de tensions inutiles ».

Ancien ministre et pilier du gouvernement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé a aussi été son co-détenu à la Cour pénale internationale (CPI) pendant cinq ans. Les deux hommes avaient été inculpés dans le cadre des violences qui émaillèrent la crise post-électorale de 2010-2011. Ils ont été définitivement acquittés par la justice internationale.

Cependant, Charles Blé Goudé est toujours sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison dans son pays pour son rôle présumé dans les violences de l’époque, ce qui l’empêche de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. Selon lui, son acquittement par la CPI rend cette condamnation caduque. Et il demande au président Alassane Ouattara une amnistie.

Je demande qu’on ouvre le jeu politique parce que je veux diriger mon pays un jour, » affirme-t-il. « Je demande au président de la République de faire un geste pour décrisper l’atmosphère, pour laisser tous ceux qui sont capables d’apporter quelque chose aux Ivoiriens d’aller à la compétition. Et c’est mon cas ».

Charles Blé Goudé annonce que son parti, le Cojep, va organiser l’année prochaine une convention qui désignera son candidat à la présidentielle. « Je souhaite que ce soit moi », explique-t-il. « C’est mon intention » d’être candidat, ajoute l’opposant.

Interrogé sur les candidatures de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara, il estime qu’ »il faut tourner la page de nos aînés, il faut qu’ils acceptent de passer la main. »

S’il refuse d’admettre une « rupture » avec Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé confirme ne pas avoir revu son « père politique » depuis son retour en Côte d’Ivoire, en novembre 2022 – Laurent Gbagbo est, lui, revenu en juin 2021 –, ni lui avoir parlé depuis deux ans et demi. Et s’il a récemment reçu une délégation du parti de son mentor dans le but de former une plateforme commune de l’opposition, il indique que l’ex-Première dame Simone Gbagbo a déjà entamé une démarche en ce sens.

« Des gens frauduleusement inscrits » sur les listes électorales

« Je suis de mon côté moi-même et du côté de la Côte d’Ivoire », tranche Charles Blé Goudé, interrogé sur sa préférence entre Laurent Gbagbo et Simone Ehivet Gbagbo. Mais depuis un an, Simone Gbagbo « a approché la plupart des présidents des partis politiques », précise Charles Blé Goudé.

Et il poursuit : « Nous (la majorité des partis d’opposition, dont le MGC de Simone Gbagbo, NDLR) nous retrouvons constamment pour travailler autour des thématiques relatives aux réformes de la Commission électorale indépendante ».

Appelant de ses vœux une « élection transparente », Charles Blé Goudé demande une « réforme profonde de la Commission électorale. » Il prône aussi une révision des listes électorales, arguant « qu’il y a des gens frauduleusement inscrits » et « que les preuves existent ».

Par : Marc PERELMAN