Les personnes les plus pauvres du monde se trouvent seules face à la pandémie de Covid-19 sans les moyens fondamentaux de protection – l’eau potable et le savon.
En prélude à l’Assemblée Mondiale de la Santé prévue la semaine prochaine, WaterAid Afrique de l’Ouest demande aux ministres de la santé des pays d’Afrique de l’Ouest de placer l’hygiène au cœur de la stratégie nationale de réponse à la pandémie du coronavirus.
En Afrique de l’Ouest 34,4%1 de personnes n’ont aucun lieu pour se laver les mains avec l’eau propre et le savon et 31,2 % ont un accès à l’hygiène limité (sans eau ou sans savon) malgré le fait que le lavage des mains est un des moyens de limiter la propagation de la maladie à Coronavirus.
Les centres de santé risquent de devenir les épicentres de la contamination et pourraient mettre la vie des médecins, infirmières et sage- femmes en danger pour sauver les autres. A travers le monde, deux centres de santé sur cinq n’ont pas les lieux pour se laver les mains avec l’eau propre et le savon où ils apportent les soins aux patients. En Afrique de l’Ouest, entre 3% et jusqu’à 50%2 des centres de santé manquent de services de base tels que l’eau ou l’hygiène.
En prélude à l’Assemblée Mondiale de la Santé prévue la semaine prochaine, WaterAid Afrique de l’Ouest appelle tous les ministres de la santé à fournir l’eau propre et le savon aux travailleurs de la santé afin qu’ils se protègent et protègent les autres pour sauver des vies.
Il n’existe aucun traitement approuvé ni de vaccins contre le Covid-19. Par conséquent, l’adoption des bonnes pratiques d’hygiène, la prévention et le contrôle des infections sont les seules alternatives pour limiter la propagation du virus.
Pendant qu’il y a urgence de trouver un vaccin et les traitements efficaces, l’ignorance des règles fondamentales pour la prévention et contrôle de l’infection met à risque la vie des personnes.
L’année dernière les ministres de la santé du monde entier se sont engagés à rendre disponible l’eau propre dans chaque hôpital et centre de santé, mais depuis, il y eut peu de progrès.
Malgré les statistiques alarmantes, l’importance de l’accès à l’hygiène et à l’eau propre a été négligée par les leaders mondiaux face à la crise actuelle.
Les gouvernements n’ont pas tardé à promouvoir l’hygiène des mains et le lavage des mains, mais sans reconnaître que cela est impossible pour les trois milliards de personnes dans le monde qui manquent d’eau propre et de savon, et pour des millions d’agents de santé de première ligne et leurs patients dans les centres de santé et les hôpitaux.
Le draft de la résolution de l’Assemblée Mondiale de la santé sur le Covid-19, qui fera l’objet de discussions virtuelles la semaine prochaine, n’a aucunement fait mention de l’accès à l’eau propre et à l’hygiène comme éléments fondamentaux de prévention du Covid19. En plus, aucune stratégie n’a été mise en place pour réduire les écarts d’accès à l’eau propre et à l’hygiène qui demeurent les moyens de prévention de première ligne.
WaterAid pense qu’il s’agit d’un manquement au devoir des pays donateurs et des gouvernements nationaux où le taux d’accès est bas. Ce qui va à l’encontre des résolutions de l’OMS aux États Membres, les appelant à la fourniture urgente de services d’hygiène aux communautés et aux centres de santé.
Cela fait suite à des exclusions similaires de l’eau et de l’hygiène de presque tout le financement d’urgence COVID-19 débloqué par les gouvernements et les organismes donateurs au cours des deux derniers mois. Sur 51 annonces majeures de soutien financier des bailleurs de fonds aux pays en développement, six seulement ont fait mention de l’hygiène *.
Les cas de coronavirus enregistrés en Afrique sont faibles par rapport à ceux des pays tels que les États-Unis et l’Europe qui sont l’épicentre de l’épidémie, mais les cas augmentent maintenant dans presque tous les pays du continent, même s’ils commencent à baisser ailleurs. Il y a eu plus de 63 000 cas signalés et plus de 2 000 décès. Et l’OMS a tiré sur la sonnette d’alarme : le continent africain pourrait voir jusqu’à 190 000 décès au cours de la première année de COVID-19. Chaque pays du monde est vulnérable tandis que le virus continue de se propager.
Marieme Dem, Directrice régionale WaterAid Afrique de l’Ouest : « La pandémie du Covid 19 a envahi le monde avec son lot de morts, de personnes infectées qui s’accroît, notamment en Afrique de l’Ouest. Elle met à mal les économies nationales et bouleverse la vie de millions de personnes. Les Gouvernements font des efforts importants ; ces efforts sont cependant surtout orientés dans les soins des malades, l’information et le respect des mesures barrières dont la principale est le lavage fréquent des mains avec du savon et une eau propre.
Pour arrêter la propagation du virus Covid 19 et assurer la sécurité sanitaire pérenne de leurs populations, les gouvernements ont le devoir d’investir plus et mieux dans la prévention. A cet effet, il est urgent que l’accès à l’eau potable, à des infrastructures d’hygiène et d’assainissement adéquats soit une priorité pour eux et se traduise par des investissements conséquents. Sans cela, nous ne pourrons parler de sécurité sanitaire, ni de résilience des populations notamment celles qui sont les plus démunis et marginalisés. Nous espérons que nos gouvernements et tous les participants à la 73ème assemblée générale de la santé prendront la mesure de cette responsabilité et adopteront une résolution ferme d’investir plus et mieux dans l’accès à l’eau potable, une bonne hygiène et un assainissement approprié notamment dans les centres de santé, les écoles, les lieux publics et pour les ménages notamment les plus pauvres ».
Professor Wendy Graham de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) disait ceci : Il y a un an, la Résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé sur l’eau, les toilettes et l’hygiène dans les établissements de santé offrait une réelle promesse de s’attaquer aux obstacles à la prestation de soins propres et sûrs. Le Dr Tedros a tenu lui-même à s’assurer du renforcement des engagements clairs qui ont été pris pour garantir que toutes les installations disposent d’un approvisionnement en eau potable pour permettre le nettoyage des mains et de l’environnement de soins. Malheureusement, trop peu de progrès ont été accomplis pour respecter ces engagements. COVID-19 est un rappel brutal que nous ignorons ces bases de l’hygiène au péril de l’humanité.
Fin
Fatou Kine Reanne DIOP
Regional Communication Manager