Les bureaux de vote ont fermé dimanche soir au Bénin au terme d’une journée électorale marquée par une participation apparemment faible. Le président sortant, Patrice Talon, accusé d’avoir muselé l’opposition et verrouillé le scrutin, s’achemine vers une réélection attendue.

Le président béninois, Patrice Talon, s’acheminait, dimanche 11 avril, vers une réélection attendue, au terme d’une journée de vote marquée par une participation apparemment faible, après l’appel des principaux opposants à boycotter le scrutin, verrouillé selon elles.

Celui qui vise une victoire « par K.O. » est accusé d’avoir engagé ce petit pays pionnier de la démocratie en Afrique de l’Ouest dans un tournant autoritaire et d’avoir muselé l’opposition.

Les 15 531 bureaux de vote ont fermé à 16 h (heure locale) et le dépouillement des bulletins a commencé dans la foulée, sans grand engouement. Les résultats doivent être annoncés lundi ou mardi.

En lice pour un second mandat, le président Patrice Talon fait face à deux candidats quasiment inconnus du public, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué.

La plupart des opposants béninois sont soit en exil à l’étranger, soit condamnés par la justice, soit empêchés de se présenter du fait du nouveau Code électoral et d’une réforme institutionnelle.

« Une affluence assez basse »

Dans les bureaux de vote visités par l’AFP à Cotonou, la capitale économique, les taux de participation ne dépassaient pas les 30 % et Patrice Talon menait avec une large avance, face aux anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, deux candidats de l’opposition quasiment inconnus du grand public.

« Le vote s’est bien déroulé ici, on n’a pas eu d’incident ou de problème », explique Ricardo, 23 ans, étudiant en développement web qui compile les résultats pour la mouvance présidentielle qu’il soutient. « On a eu une affluence assez basse. Les gens ne sont pas trop sortis. Sur les premiers résultats ici, le président est largement en tête ».

À Savè, dans le centre-nord du pays, où les violences préélectorales ont fait deux morts, les bureaux de vote et les urnes sont restés vides toute la journée, et certaines ont été brûlées par des inconnus, selon un journaliste de l’AFP sur place.

La mission d’observation de la société civile notait à la mi-journée que les bureaux de vote à Tchaourou et Bante, fiefs de l’ancien président Thomas Boni Yayi, n’avaient pas ouvert.

« Il faut éduquer les uns et les autres pour que les frustrations ne donnent pas forcément lieu à des violences », a déclaré Patrice Talon, 62 ans alors qu’il votait à Cotonou, en chemise saharienne et pantalon beige.

Selon lui, les manifestants, « des jeunes, des enfants, des chasseurs » ont été « manipulés » pour attaquer la République et les forces de l’ordre ont su répondre « avec beaucoup de compétence et d’expertise » malgré la répression musclée et parfois sanglante des derniers jours.

Depuis mardi, les habitants de plusieurs villes du centre et du nord du pays, fiefs de l’opposition, ont bloqué des centaines de voitures et transporteurs en érigeant des barrages.

Jeudi, l’armée a démantelé les barrages et libéré la voie, en faisant usage de tirs à balles réelles. Au moins deux civils sont morts et cinq autres ont été blessés lors de cette intervention.

« J’ai voté pour le président à cause des routes et de l’électricité »

Selon la Commission électorale nationale autonome (Cena) les barrages ont entraîné un retard dans le déploiement du matériel électoral dans le Nord. Mais « il n’y a pas de raison pour que cette élection n’ait pas lieu », a-t-il assuré.

La campagne électorale a été marquée par des violences, notamment dans le centre-nord du pays, fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, où des manifestants avaient dressé d’importants barrages routiers pour protester contre l’absence d’une opposition reconnue.

Au Bénin, encore 38 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le chômage des jeunes atteint des sommets. Pour son prochain quinquennat, le président Talon le promet, « le développement ça y est », comme il l’a martelé tout au long de sa campagne, et lors de son dernier meeting vendredi dans le Sud.

Devant une foule de partisans, il a promis une « victoire KO » dès le premier tour.

Avec AFP