Pr Falaye Traoré, Directeur National de la Pharmacie et du Médicament (DNPM

Accusé d’avoir mis pied sur la réduction du nombre des sociétés grossistes répartiteurs de produits de santé, chargé de l’importation des médicaments en République de Guinée, comme l’a souhaité d’ailleurs le Chef de l’Etat, le Pr Alpha Condé qui, dans une de ses rencontres avec les pharmaciens, celui-ci aurait  demandé à l’Ordre National des Pharmaciens de Guinée, à travers le ministère de la Santé, de réduire le nombre des sociétés grossistes importatrices des médicaments à 3, pour être en conformité avec les pays de la sous-région. Au cours d’un entretien exclusif qu’il a accordé à notre reporter, le Pr Falaye, Traoré (en blanc sur cette image), Directeur National de la Pharmacie et du Médicament (DNPM) brise le silence. Lisez !

Que répondez-vous aux gens qui vous accusent que, c’est le Pr Falaye Traoré qui a mis pied sur le dossier de réduction du nombre de sociétés grossistes, chargé de l’importation des médicaments en Guinée ?

Pr Falaye Traoré : Je comprends votre question. Je vais juste vous posez une question, en tant que guinéen, pensez-vous qu’il y a en Guinée, quelqu’un qui peut s’opposer à la décision du Président de la République ?  Personne dans un pays ne peut s’opposer à une décision d’un Chef d’ Etat. Le Chef de l’Etat, est au-dessus de tout le monde. Quand il décide, cela doit être appliqué. Alors, je n’ai pas cette autorité, ni cette fonction mais, ce que je vais vous dire, ce que cette équipe à fait ici, jamais aucun Directeur, aucune direction  ne l’a fait auparavant. Pour preuve, je suis-là depuis le 08 février 2018, j’ai eu deux ans il y a quelques jours seulement. Cela fait deux ans que nous sommes-là. Lorsque, j’arrivais à la direction nationale de la pharmacie et du médicament, la Guinée comptait 106 sociétés grossistes répartiteurs de produits de santé. Demandez combien il y en a aujourd’hui ? Il y a cinquante (50). Personne n’a osé réduire le nombre de sociétés grossistes. Nous avons procédé par étape. Avant que je ne sois directeur, j’ai fait partir de la deuxième commission  d’évaluation des sociétés grossistes. C’est ici qu’on a travaillé, les archives étaient dans ce bureau-là. Certains  membres du syndicat  en savent quelques choses et même la présidente du conseil national de l’ordre en sait quelque chose. Parce qu’elle faisait partir  de cette commission. Ce sont les résultats de cette commission d’évaluation qui ont été exploité, pour abroger  les arrêtés  de création et d’exploitation  de 45 sociétés grossistes. Cet arrêté est sorti au mois d’avril 2019 mais, avant cela, il y’a eu l’affaire du camion de médicaments qui a disparu. Le ministère de la Santé a très vite réagi, parce que, le ministère de la Santé avait pris des dispositions, en suspendant les activités des deux sociétés qui étaient impliquées et la pharmacie de Kankan, qui était aussi impliquée. Les documents y existent. Donc, c’est pour vous dire que, le ministère fait tout pour aller dans le sens de la réduction du nombre de sociétés. Alors, lorsqu’il y a eu la fameuse rencontre avec le Chef de l’Etat, le 27 mars 2019, moi je n’étais pas présent. J’étais à une réunion en France. On m’a demandé de rentrer aussitôt. Je suis rentré et on m’aurait dit que le chef de l’Etat a souhaité que, le nombre de société grossistes soit revue à la baisse, jusqu’à trois (3), à l’image des pays de la sous-région. Mais, vous savez, lorsque des gens  donnent des chiffres, dans tel pays il y a tant de sociétés, des chiffres qui datent il y a dix ans, qui ne reflètent pas les réalités, comment voulez-vous que l’on accepte la désinformation à ce point ?  Moi je suis le Directeur National de la Pharmacie et du médicament, j’en ai profité à l’époque où j’étais en France, en réunion avec les autres directeurs de la pharmacie et du médicament des pays francophones de l’Afrique,  j’ai demandé à tout le monde, combien de sociétés avez-vous ? Le seul chiffre correct que j’ai trouvé dans les chiffres qu’ils ont donné, qui date de 2009, c’était pour le Sénégal (4). La Côte d’Ivoire a 8, le Niger en a 18, le Burkina en a 18 également, le Togo et le Benin, il y a un qui a 7 et l’autre doit avoir 5, la Mauritanie 56, le Mali entre 60 et 70. Les chiffres que je vous donne datent de mars 2019. Vous comprenez ? Et, je suis venu avec ces chiffres.  A certaines réunions, pour mettre à jour, on a parlé là-dessus. Nous avons eu beaucoup de rencontres, parce qu’après la présidence donc, le Président a confié le dossier au Premier ministre et le Premier ministre nous a reçu, il nous demandé de revenir pour qu’en ensemble, en tant que professionnel qu’on puisse régler le problème. Tous ceux dont je suis en train de vous dire, c’est passé en présence de l’Ordre et le Syndicat. C’est des réunions qui se sont tenues avec des PV de réunion. Il a été décidé lors  de cette réunion,  qui s’est tenue le 22 mai 2018, qu’on mette en place une commission  d’évaluation des sociétés grossistes restants, parce qu’on ne peut pas dire voir comme ça une société et puis dire qu’on abroge l’agrément. Il faut qu’il y ait  des critères. Mais heureusement, c’est moi, qui ai accompagné la loi pharmaceutique à l’Assemblé Nationale. Et de cette loi, nous avons pris le devant, en mettant en place, nous avons écrit, élaboré et validé les textes d’application de la loi. Vous savez, la loi sans texte d’application, elle n’est pas valable. Parce qu’on ne peut pas s’en servir. La loi donne les grandes lignes. Ce sont les textes d’application qui rentrent dans les détails de l’application de la loi. Et donc, on s’est servi des textes d’application  qui concernent des sociétés grossistes, pour définir des critères d’évaluation ; cette fois-ci, des sociétés existantes, après avoir abrogé des 45.  Donc, il y avait deux qui étaient en suspension donc ça fait 47. C’est la différence-là qui existait. On les a évalués au mois de juillet au mois d’août. Mais, figurez-vous, dans cette commission d’évaluation, l’Ordre et le Syndicat étaient-là. Ils étaient tous présents. Tous ce qu’on fait au ministère de la Santé, c’est avec l’accompagnement de l’Ordre et de Syndicat. L’Ordre est un organe consultatif du ministère de la Santé. Tous ce que la pharmacie fait, on fait en copie l’Ordre National des Pharmaciens. Je veux que quelqu’un de l’Ordre démenti ça. Tous ce qu’on fait, on envoie en ampliation à l’Ordre. Donc, l’Ordre est informé de tous ce qui se passe au ministère de la Santé. Et, lorsqu’on a aussi des avis, on demande l’avis de l’Ordre. Parfois, le Syndicat n’est pas concerné sur certaines questions. Mais, l’Ordre est tout temps consulté. Je disais tout à l’heure que,  l’Ordre faisait partir de cette équipe d’évaluation. Ils ont travaillé pendant un mois, moi je n’étais pas de cette équipe, c’est mon adjoint qui était vice-président de cette commission. Après, ils ont rendu les résultats du rapport. Ce rapport a été d’abord présenté pour une première fois, ensuite, on a corrigé  et la seconde fois, le ministère a pris soins de convoquer un conseil de Cabinet extraordinaire où tous les membres de la commission d’évaluation dont l’Ordre et Syndicat étaient tous présent. Ils ont émargé la liste de présence et, la conclusion a été tirée devant tout le monde. Ce rapport a été transmis officiellement au Chef de l’Etat et jusqu’à date, nous n’avons pas eu de retour. Comment  voulez-vous que, le ministère décide le nombre de sociétés grossistes, si nous n’avons pas de retour du Chef de l’Etat? Le ministère a suivi une voie logique. C’est-à-dire, évalué selon les critères de la loi pharmaceutique et des résultats obtenus, transmettre ces résultats avec l’avis du conseil de Cabinet au Chef de l’Etat. Alors, le blocus n’est pas au niveau du ministère, n’est pas au niveau de la DNPM. Et, loin sans faux au niveau de Falaye Traoré dont on parle. Je n’ai jamais été un blocus. Au contraire, je suis persuadé que, si j’ai été nommé à la direction de la DNPM, c’est pour redresser le secteur pharmaceutique. Ce qui me connaisse le savent de qui je suis. Je suis enseignant

L’objectif, c’est pour lutter contre la pharmacie par terre ?

C’est une très bonne question.  Mais, vous savez, pour arriver à une fin, il faut aller doucement. On ne peut pas brutaliser. A chacune des réunions avec l’Ordre et le Syndicat, c’est ce qu’on leurs a fait savoir. Vous imaginez lorsqu’on se lève d’un coup, je prends les propos de certains membres du syndicat, qu’on va faire une descente au marché Madina, pour aller ramasser les médicaments. Vous connaissez la situation du pays, comment voulez-vous qu’on aille prendre tous les capitaux des gens d’un coup, vous allez créer des massacres ? Personne ne souhaite ça aujourd’hui pour la Guinée. Donc, le ministère travaille seulement selon la loi. La loi a défini des critères et il faut aller selon ces critères. Et lorsque, vous donnez les agréments à des gens, vous les autorisez à créer une entreprise, c’est de l’investissement, c’est beaucoup de guinéens qui vivent aujourd’hui au dépend de ces entreprises. Donc, il faut réfléchir même sur des mesures d’accompagnements ; on ne va pas brutaliser sur les gens comme çà, pour leur retirer des documents. Je l’ai souvent dis qu’il faut suivre tout un processus. On arrivera peut-être à 3 même à 1, si on veut demain mais, ça prendra du temps, et il faut aller doucement. A la question de savoir si quatre sociétés grossistes peuvent résoudre ce problème, depuis que nous sommes-là, notre stratégie c’est quoi, c’est agir au niveau de la chaine d’approvisionnement des médicaments. Vous ne verrez jamais la DNPM descendre avec force sur le terrain, pour aller attaquer les gens afin qu’ils ferment les sociétés. Est-ce que, c’est une façon même de travailler ? L’Etat n’est pas là pour brigander les gens mais, l’Etat est là pour réfléchir sur des stratégies en amont comme en aval, pour essayer de résoudre des problèmes. Notre stratégie a été, tous ce qui était comme maux qui gangrénait la chaine d’approvisionnement,  de bloquer. Je vais vous donner à titre d’exemple, parce que, j’ai entendu l’histoire des visas, qu’on donne des visas à tout venant, j’aimerai qu’un jour, que des gens viennent vérifier des visas qu’on a donné à la DNPM. J’ai toutes les copies originales des visas qu’on a donnés depuis 2018 ici. Parce que, j’ai vu ce que l’Ordre m’a donné, de 2018-2019 en provenance de la douane ; j’ai vu la liste, j’ai dit que je n’ai jamais donné de visas à tel ou tel autre. Je vois une liste de sociétés ou individus alignés, et on dit que,  c’est le ministère de la santé qui a donné le visa. Venez à la source, je vais vous donner les copies originales. Je me suis permis cette fois-ci, moi-même de  faire mes propres statistiques que, je vais présenter au moment opportun, pour vous dire que, nous ne donnons les visasqu’aux sociétés grossistes légalement autorisées par le ministère de la Santé. Il peut y avoir des exceptions, quand l’UNICEF, PLAN-Guinée, la coopération demande de donner un visa par exemple à une ONG internationale, qui vient en aide à la population guinéenne, voulez-vous que je refuse cela ? Je ne peux pas refuser. L’Etat est plus fort que tout, quand l’Etat vous dit faites ceci, vous le faites. Des gens qui viennent pour aider la population guinéenne, on ne peut pas refuser de leur donner les visas. Mais, je n’ai jamais donné un visa à une société abrogée, à un individu, pour quelque raison que ce soit. J’ai même entendu à la radio qu’on fait payer des visas d’importations à la DNPM. Demandez ! Vous allez savoir si c’est vrai ou faux, qui fait payer des visas à la DNPM. S’il y a eu quelqu’un aussi dure à la délivrance des visas aujourd’hui en Guinée, vous allez comprendre. Les gens tournent en rond pour chercher de visas. Je sais que, pour avoir ma signature, c’est tout à fait un problème. Tout le monde le sait ici. Mais, plus on est  rigoureux en Guinée, plus on cherche à vous abattre. On m’a confié la fonction de Directeur à la direction nationale de la pharmacie et du médicament, parce qu’on connait ma rigueur. Mais, je vais dire que, même si quatre  sociétés pourraient approvisionner la Guinée en médicaments, ça ne sera pas dans l’immédiat. Il faut qu’il y ait un travail de fond.

Dossier à suivre !

Entretien réalisé par Younoussa Bangoura, pour flammeguinee.com

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