Le journaliste français Olivier Dubois, collaborateur de différents médias, affirme dans une vidéo, diffusée mercredi sur les réseaux sociaux, avoir été enlevé le 8 avril à Gao, dans le nord du Mali, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, branche locale d’Al-Qaïda, et appelle les autorités françaises à l’aide.

« C’est une vidéo de 21 secondes que l’on peut qualifier de ‘sauvage’, elle n’est pas validée par un groupe terroriste. Je l’ai reçue à l’aube », explique Wassim Nasr, spécialistes des mouvements jihadistes pour France 24. « Olivier Dubois donne son identité et confirme son statut d’otage », ajoute Wassim Nasr, en expliquant que ce journaliste devait interviewer à Gao un commandant jihadiste local.

Pour lui, « cette vidéo lève le doute » sur le statut du journaliste après une période de flou car la situation d’Oliver Dubois était confuse. « On ne savait pas s’il était en train de rencontrer d’autres chefs jihadistes ou s’il avait un statut d’otage ». « Il a été piégé », affirme Wassim Nasr.

Dans la vidéo, le journaliste affirme être dans les mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une alliance de groupes jihadistes affiliée à Al-Qaïda. Il demande à ses proches, à sa famille et aux autorités françaises de faire « tout ce qui est en leur pouvoir » pour obtenir sa libération. Un responsable aux Affaires étrangères françaises à Paris a confirmé à l’AFP la « disparition » d’Olivier Dubois.

« Nous confirmons la disparition au Mali de M. Olivier Dubois. Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage », a assuré à l’AFP un responsable du ministère français des Affaires étrangères. Le quotidien Libération, pour lequel il travaillait régulièrement depuis avril 2020, a indiqué ne pas souhaiter faire de commentaire dans l’immédiat.

Le journaliste est assis par terre, les jambes croisées sur une toile de couleur verte, dans ce qui semble être une tente. Il est vêtu d’un costume traditionnel rose clair, la barbe bien taillée, regarde fixement la caméra et s’exprime d’une voix ferme. Les mouvements de ses doigts et d’une jambe semblent néanmoins traduire une certaine nervosité.

Il n’y avait plus de Français otage dans le monde depuis la libération en octobre 2020 de Sophie Pétronin, une septuagénaire enlevée près de 4 ans plus tôt, par des hommes armés, à Gao également, où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d’aide à l’enfance.

Sophie Pétronin avait été libérée en même temps que l’homme politique malien Soumaïla Cissédécédé depuis, et que deux Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, également enlevés par des jihadistes. Malgré des conjectures persistantes, le gouvernement malien n’a jamais confirmé le paiement d’une rançon, en plus de la libération de 200 prisonniers, dont un certain nombre de jihadistes, contre la liberté de ces quatre otages.

En octobre 2020, la Suisse avait été informée que le GSIM avait exécuté Béatrice Stöckli, une missionnaire évangélique, qui avait été enlevée en janvier 2016 à Tombouctou. En mars dernier, le ministère suisse des Affaires étrangères avait indiqué que son corps avait pu être retrouvé et formellement identifié.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée jihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s’est étendue au centre du pays. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins. Les attaques – jihadistes, intercommunautaires ou autres – ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l’intervention des forces de l’ONU, française et africaines.

Avec AFP et Reuters